jeudi 30 décembre 2010

Rush minute

(Massive Attack)

(dring)
J'ai regardé l'afficheur : Numéro Confidentiel.

- Allo?
- Salut Paul, c'est Julie.
- Qu'est-ce que tu veux.

Ne plus répondre au numéro confidentiel.

- Euh, est-ce que tu voudrais garder Chat-Boume ?
- Quoi ?
- Est-ce que tu ...
- Non, j'ai compris... Tu m'niaises ?
- ...Non... J'ai besoin qu'on garde chat-boume...

Je me suis un peu censuré.

- Caliss Julie, ça fait presque 2 ans qu'on s'est pas parlé, pis tu m'appelles pour me demander de garder ton chat !?
- Notre chat !
- Ben non, criss ! C'est ton ostie d'chat.

Je passais une bonne soirée. Je soupais avec une jolie jeune femme, avec laquelle je partageais mes nuits. Puis il faut qu'elle m'appelle pour me demander ça. Tout les souvenirs ressurgissent, les bons comme les mauvais. Ces dures nuits de rédemptions. Ces dures nuits d'insomnies, de pleurs, de haines... autant pour elle, que pour moi.

- S't'une joke...?!
- non... on l'a acheté ensemble...

Criss non, tu l'as acheté toute seule ton criss de chat. J'hais les chats, on l'a acheté parce que tu voulais un chat, et que notre couple partait à la dérive. j'ai dis oui parce que je voulais te faire plaisir, mais tu savais, oh que oui tu le savais, que je détestais les chats ! Je les hais.

- Cali... hmpf... Julie. J'avoue que je ne comprends pas ton appel... Mais ton criss de chat, y peut ben crever, Ciao.

J'ai raccroché. J'ai aussi mis ma liaison dehors, parce que j'étais trop choqué pour voir qui que se soit.

***

- Ben là Julie... Appelle le !
- Pour y dire quoi ?
- Qu'il te manque ! C'est ce que tu me dis !
- Ouain, mais il me faudrait un prétexte !
- Dis lui qu'il faut que tu fasses garder votre chat !
- ... Ouain ! C'est une bonne idée !

***

Crisse de conne !

lundi 27 décembre 2010

The Greatest

(Cat power)

Tu te regardes dans le mirroir.
Tu te regardes et je fais la même chose.

C'est parfois simple. On se dit que tout va bien. C'est Noël et c'est beau.

On n'a pas eu trop de neige, juste assez. C'était blanc et c'était doux. Hier, après souper, ta mère nous a dit d'aller nous promener, alors on a été prendre une marche dans les bois. On a mis nos raquettes, que l'on a reçu la veille, et nous sommes partis dans les bois.

Je ne me tannerais jamais des étoiles de la région, celle de la campagne.

- Et si on restait ici ?
- T'es fatiguée ?
- C'est pas ça que je veux dire, T'es con !
- Tu veux dire, ici ? En campagne ?
- Ben oui, ici, en campagne !
- Tu veux vivre près de ta mère ?
- C'est pas ça, mais tu ne trouves pas que l'on est vraiment plus tranquille ici.

C'est vrai, c'est plus tranquille ici, mais ça ne me dit rien.

- Ben là, je sais pas Julie... Qu'est-ce qu'on fait de nos boulots ?
- Ben tu pourrais sans doute te trouver quelque chose ici, et moi aussi ! Y'en a partout des écoles !
- Toi sans doute que ça pourrait se faire... mais moi ?

La nuit est claire, et on peut voir le scintillement des étoiles se reflèté sur la neige, et aussi sur les stalactites de glace, qui se forment aux branches des arbres.

- Tu pourrais faire autre chose ! Tu disais que tu en avais plein le cul de ta job, anyway.
- C'est pas aussi simple que ça ! Et pourquoi ici ? Pourquoi on viendrait ici ?
- Ici, ailleurs, n'importe où hors de Montréal.
- ÇA fait longtemps que tu penses à ça ?
- Je sais pas... En une semaine ici, on a fait plus de trucs qu'en un an à Montréal. Tsé, à Montréal, on vit ensemble, mais on ne fait jamais rien. Tu reviens de travaillé, tu fais à souper, j'arrive, on mange. Tu gosses dans tes trucs, je fais la même chose, pis on finit par se mettre devant la télé, ou à lire. En trois jours ici, on a eu le temps de se parler et de regarder le temps passé. Hier, tu m'as fais l'amour comme on avait pas fait depuis longtemps...

Et je me suis senti acculé au pied du mur. Je me suis assis sur la neige et j'ai pris ma tête entre mes mains. Je l'ai senti venir s'asseoir à mes côtés.

- Regarde moi.

Son idée est faite, je reconnais ce regard, elle avait le même quand on a choisi notre appartement. Et le même quand on a choisi notre dernier voyage dans le sud. C'était ce regard aussi quand on choisi notre voiture.

J'ai maladivement cherché dans mes poches, mais je me suis souvenu qu'on avait choisi d'arrêté de fumer.

mercredi 15 décembre 2010

Harvest moon.

(Neil young)

C'est la pleine lune.

- À bientôt.

Elle a tournée le dos, et j'ai eu le sentiment d'être un mauvais cowboy. Du genre de ceux qui tire dans le dos. Ceux qui trichent, qui mentent et qui font des menaces qu'ils mettent vraiment à exécution.

- Non. Reviens pas.

BANG!

Mais au bout de ma langue, il n'y a pas de foulard qui simule un bruit de douleur, d'un traitre qui tire un coup dans le dos. D'un traitre, qui tire un coup, et qui tue.

Le temps s'est arrêté, sauf sur l'horloge, au dessus de sa tête dans l'entrée. Elle est restée dos à moi, devant la porte. Puis le silence s'est rompu au son d'une larme, frappant le sol. Orgueilleuse, elle ne s'est pas retournée.

- ...non...?
- Non.

Elle a voulu dire : mais.

Mais elle s'en est souvenu, il n'y a pas de mais.
Il n'y a pas de : peut-être, si ou de, j'peux changer... Non, il n'y a rien eu de tout cela.

Il n'y a rien eu, pas même un claquement de porte. Elle est partie.

Quand la porte s'est refermée derrière elle, elle n'a pas même jetée un dernier regard vers moi. Non, elle a seulement fermé la porte et elle est morte.

Dehors, c'est la pleine lune.

lundi 13 décembre 2010

Hiver

(Jean Leloup)

Je suis une couverture.

Je ne pense pas tant à celle que l'on se glisse sous le cou quand il fait froid. Non. Je suis une couverture à son ennuie.

Je suis un personnage de sa vie. Je suis un figurant.

L'hiver passé, j'ai eu une promotion. De figurant, je suis passé à un personnage tertiaire. Celui qui est aussi récurrent qu'un mal de tête. On le voit de temps à autre, mais on ne se souvient pas comment il s'est retrouvé là.

On m'a vu à quelque reprise, puis je suis devenu un personnage secondaire. On me voyait plus souvent. J'aimais bien ce rôle, parce que j'avais espoir qu'il soit un premier rôle. Je me disais qu'on pourrait s'attacher à moi, que l'on m'aimerait. Qu'on parlerait de moi dans la rue, autour d'un café, en soupant.

Et puis, sans appel, mon rôle a été annulé durant le printemps. On l'a rayé. Disparu du générique quotidien. Ça laissé un grand vide, et ça m'a fait me requestionner sur moi-même. Est-ce que je jouais mal, est-ce que j'étais trop intense, pas assez. Est-ce que j'en demandais trop, ou tout simplement, est-ce que mon rôle était si nécessaire ?

Je n'ai pas cesser de me questionner, mais j'y ai mis moins de temps, moi d'effort, me disant que dans le fond, ce rôle, il n'était tout simplement pas fait pour moi dans cette histoire.

J'ai passé l'été à me chercher un nouveau rôle. Puis, j'ai abandonné. À l'automne, on m'a offert quelques petits rôles. Des rôles de figurants, mais j'en n'avais pas vraiment envie. J'ai remplis quelques contrats, ici et là, question de savoir si je pouvais encore jouer un peu. Question de pouvoir me regarder dans la glace chaque matin, et d'être encore capable d'y croire.

Pis après quelques flocons, l'hiver est revenu. Puis avec l'hiver, mon rôle tertiaire est revenu me hanter. Je suis une couverture. Le téléphone a sonné, et on m'a réoffert mon rôle de l'hiver précédant. Je suis une couverture, ça donne chaud quand on est autour de moi.

Et pourtant, moi, je continue d'avoir froid.

jeudi 9 décembre 2010

I've been eating (for you)

(Bright eyes)

On dirait que c'est comme un rite de passage, une espèce d'initiation bucolique.

C'est la première fois que l'on fait une épicerie ensemble. Bon, on a déjà fait des courses ensemble en vue de se faire un bon petit souper d'amoureux, mais là, c'est différent. C'est la première fois, que l'on fait une épicerie complète ensemble. Ça fait 6 mois qu'on est ensemble, et on a décidé d'emménager...

On a établi un budget, et on doit le respecter. C'est là qu'on voit que les mardi soirs, on ne mangera plus de steak avec une sauce au fromage bleu. Et le dimanche, on va se faire des restants. Au début, je me disais que ça enlèverait du glamour à notre relation, mais c'est plutôt faux. Je trouve que l'on est un couple accomplis, ou du moins, nous sommes en phase de le devenir.

Depuis déjà une demi-heure qu'on est là, et depuis ce temps, on se consulte avant de mettre quoique ce soit dans le panier. Jusqu'à temps qu'elle franchisse cette norme. Elle m'a regardé du coin de l'oeil, un peu comme un enfant qui se prépare à faire un mauvais coup, et subtilement, elle a laissé tomber 2 boîtes de Kraft dinner dans le panier.

Sur le moment, je me suis surpris à rien dire. Peut-être que dans 2 ans et demi je me souviendrais de ce moment et que je lui en tiendrais rigueur mais, pour le moment, ça m'amuse.

Du kraft dinner. Du kraft dinner, c'est une maladie mentale. C'est le genre de chose que tu crois tout à fait normal, mais qui est pourtant une abomination sociale. Personne ne dirait qu'il aime le kraft dinner à quelqu'un lors d'une première date. Mais chassez le naturel...

Puis comme je réalisais qu'on était rendu au stade de se gâter de nourriture plus ou moins acceptable, j'en ai profité pour mettre une canne de ragoût Cordon Bleu dans le panier, la laissant tomber violemment dans le panier.

Mon silence sur son orange fluo a pourtant pas été une excuse pour elle pour me juger.

- Du ragoût Cordon Bleu ?!
- Quoi ? J'aime ça quand j'ai pas le envie de me faire à manger.
- Ben là ! J'en fais du vraiment meilleur !
- Et moi, je fais un excellent macaroni au VRAI fromage...
- Alors tu prends cette canne uniquement pour me faire chier !!!
- Non, pour ça, j'aurais aussi pris une boite de All Bran.

dimanche 5 décembre 2010

Summer is gone

(Pretty lights)

Et tu te demandes si tu as fais le bon choix.

Tu parles de cocufiage, de fausses tendresses et de subtile threesome.

Le tout, sur un fond de Bass qui tuerait un octogénaire.
C'est la routine.

Je ris, j'ai fais un quart de E, et je trouve que le son est bon.

- Faut pas que tu restes dans ta tête, libère toi, laisse toi aller. Les mauvaises pensées sont faites pour être oubliés. Oublies les, et vis...
- Euh...ok...

Il est déjà parti. On m'avait avertis, il est comme ça lui, il donne des conseils. Il n'est pas tout à fait présent, mais il croit être omniscient. Il est louche, mais ça me fait rire.

À l'horloge, 6 heure et quart.

Le party fini à 7, les barmaids à 8. Les doormans, c'est les proprios. Quand le party sera fini, quand les barmaids vont sniffer leur "pourboires", moi je serais là à attendre. Elle m'a demandé de l'attendre. Et quand elle me tend sa paille, je repense à un livre de français que j'avais au primaire.

La cocaïne est un alcaloïde extrait de la coca. Psychotrope, elle est un puissant stimulant du système nerveux central

M'enfin... J'ai refusé la paille. C'est un peu trop, et je plane encore sous l'effet de la E que j'ai consommé plus tôt. La vérité, c'est que la cocaïne me fait peur. Cette charmante poudre blanche a fait perdre le coeur à quelques amis, au cours des années. Douce mélancolie.

- Tu viens chez moi ?
- Non, je te fais un lift, c'est tout.
- Et tu m'attendais pour m'offrir un lift.
- Je t'attendais pas.
- Tu faisais quoi ? alors ?
- Je regardais un rêve s'évanouir.

Elle me regarde, je bois.
Elle boit, je la regarde.
On se regarde.
On se toise des yeux.

- Viens dormir avec moi.
- Non, je suis fatigué.
- T'es vieux !
- Non, je suis mature.

Elle boit, elle me regarde.
Je bois, je la regarde.
On boit.

Secrètement, elle s'approche de mon oreille.
- J'ai vraiment envie de baiser.

J'ai souris.
- T'es belle, intelligente, douce...mais t'écoutes pas ce que je te dis... je suis crevé, je veux dormir.

Elle sourit.
- Tu dormiras quand tu seras mort. Et selon moi, je te tue dans 2 heures.

Fatalement, la mort nous tuera tous.
Dans ses draps, J'ai éteins un feu.
Dans ses draps, je suis mort...un peu.

vendredi 3 décembre 2010

i'll be home for Christmas

(Elvis Presley)

Je crois que je vais retourner chez moi pour Noël.

Je vais apporter des poinsettias. Ma mère les a toujours aimé. Quand j'étais petit, elle en mettait partout. Et quand je dis partout, je veux vraiment dire partout. Dans ma chambre, dans la chambre de ma soeur et de mon frère, dans sa chambre à elle et mon père. Quand je voulais un biscuit, je m'attendait à en trouver dans l'armoire. Partout.

Il en avait même un dans la salle de bain. Il en avait partout. Ça s'est calmé avec les années, mais je préfère me souvenir de la couleur rouge qui habillait l'intérieur de la maison. Et c'est aussi pourquoi j'en achète pour chez moi, lors du temps des fêtes.

Je vais apporter une bouteille de scotch. Mon père et moi, on en buvait après le souper. Quand j'étais petit, on en buvait séparément. Lui au sous-sol, moi caché dans ma chambre. Puis en vieillissant, on est devenu ami et on buvait ensemble. On achetait un 60oz, et on le descendait pendant les 2-3 jours qu'on passait ensemble. Quand je me réveillais le 26 au matin, je prenais un café scotch, pendant que lui, qui était debout depuis 3-4 heures le matin, entammait son premier 7-up/scotch.

Il buvait un peu trop à l'époque, mais aujourd'hui, il s'est calmé. Disons que j'ai pris le flambeau.

Je vais apporter un gramme de pot pour mon frère et ma soeur.

Les jumeaux. Je me souviens de la première fois qu'ils sont venu me voir pour fumer un bat. Puis, je les ai mis en contact avec mon vendeur. J'ai arrêté depuis, mais à Noël, on a pris la tradition de fumer un bat, avec mon père, en prenant un verre au sous-sol, alors que ma mère faisait la vaisselle.

Cette année, contrairement à l'année passée, j'ai envie de passer Noël en famille. L'an passé, je me suis défilé, j'ai travaillé, et je voulais travailler. Ça ne me tentait pas de les revoir. Je voulais me ressourcer dans une passion salvatrice. J'ai regardé des familles fêter, alors que je leur servais à boire et à manger.

Cette année, j'ai déjà pris congé. J'ai même appelé pour savoir si je pouvais venir. La seule chose que je me demande, c'est si je vais être seul à Noël, au cimetière.