jeudi 31 octobre 2013

Monsieur William

(Léo Ferré)

Monsieur William dort mal.
C'est normal, il est vieux.
Non pas qu'il dorme mal plus qu'il ne dorme que très peu.

Monsieur William, dort mal en ce moment.
C'est normal, car il entend sa voisine pleurer toutes les nuits, depuis une semaine.

Il se réveille en pleine nuit car les murs sont aussi minces que les mouchoirs de sa voisine.

"Si seulement je pouvais aller lui parler..." se demandait-t'il depuis quelques jours.
"Pour lui dire quoi...?"

--------------

Monsieur William compte les secondes assis sur le banc du parc.
En pleine nuit, il se demande s'il n'a jamais fait pleurer une femme autant que sa voisine.
"Sans doute..."

En regardant la pleine lune, il maudit la pauvre jeunesse et la sale vieillesse qui n'ont pas compris que lorsque de l'on brisait un cœur, ce n'était pas seulement une personne qui en payait le prix. C'est tout l'entourage de la victime qui en souffre.

"Mais aussi celle du bourreau..."

Tout en regardant les allées et venues des gens qui côtoyaient le parc, Monsieur William  regardait les passions qui l'entouraient. La nuit, les passions sont plus frivoles. C'est ainsi que Monsieur William le conçoit.

--------------

L'eau bouillait.
Revenu chez lui, Monsieur William se dit que l'heure était sans doute propice à une tisane.

Les pleurs s'étaient tus. Les élans de sa douleur s'étaient éteintes pour laisser place à un moment de sommeil latent.

Mais Monsieur William regardait l'heure.
Il lui restait peu de temps avant que les flots avide de la tristesse et de l'amertume reprennent le cours des choses. Cependant, ses paupières étaient lourdes,  les effets des plantes et du liquide chaud firent leurs effets, et il s'endormit sur son canapé. Il dormit d'un sommeil lourd et complaisant.

-------------

Elle pleurait toute les nuits.
Depuis trois semaines maintenant.
Et certains soirs, il pleurait avec elle.
Non pas auprès d'elle, mais avec elle.
Seul dans son appartement, Monsieur William pleurait.
Ça le calmait de tout ses péchés.  Depuis deux semaines, l'entendre pleurer lui faisait confesser et réfléchir à toutes ses erreurs. Mine de rien, ça le calmait, et il s'endormait paisiblement.

Les lendemains, il se réveillait plus reposé que jamais.
Depuis, il faisait plus attention à ses besoins, à ses désirs et à son bien-être.

--------------

Monsieur William dort mal.
C'est normal, il est vieux.
Non pas qu'il dorme mal plus qu'il ne dorme que très peu.

Monsieur William, dort mal en ce moment.
C'est normal, car il n'entend plus sa voisine pleurer toutes les nuits, et ce, depuis une semaine.

Il se réveille en pleine nuit car les murs sont encore plus minces depuis  l'absence totale de sa voisine.

"Si seulement j'avais été  lui parler..." se demandait-t'il depuis quelques jours.
"Mais j'aurais pu lui dire quoi...?"


dimanche 10 mars 2013

unfinished sympathy

(Massive attack)

Il est tard, tôt ou tard.

Quand j'ai essayé de démarrer ma voiture, elle ne semblait pas vouloir faire la "ride" avec moi, alors j'ai marché.

Les matins sont étranges parfois. De nombreuses fois j'ai fais ce trajet, de là à chez moi. Et de nombreuses fois je me suis dis que je préférais quand le soleil se levait. C'est ainsi, on n'a pas toujours ce que l'on veut. Ce matin il fait noir, il fait bleu tiède, c'est gris-jaune.

Et toujours cette réflexion, celle qui fait que je ne dormirais toujours pas en arrivant chez moi. Est-ce que tout s'est passé comme je le voulais ? Aurais-je pu faire mieux ? Est-ce que...? Non.

Il fait nuit. je marche dans la nuit, comme dans la chanson.
Les bars ferment, et moi je marche.
Les bars sont fermés, et je marche devant eux.

- Heille, as-tu un cigarette ?
- As-tu un char ?
- Oui
- Oui

C'est comme ça qu'on est devenu intime, le temps d'une clope.

- Tu vas où ?
- Chez nous.

Elle a rit.Toussé. rit.

- C'est drôle, j'avais la même direction en tête.

Parfois, les années sont des secondes.
Et à d'autres moments, c'est l'inverse. Et c'est ce qui s'est passé à ce moment là.

Juste un regard. Un regard sur le tard. Un échange de yeux qui fait que la confiance s'installe.

- T'arrives d'où ?
- J'étais chez des amis.
- Un couple ?
- Mouain.

Tu le sens. Moi je l'ai senti.

- Tu veux aller prendre un verre ?
- Pour être tout à fait franc, je pensais rentrer chez nous pour dormir.
- Moi aussi...

Là, comprends-tu ce que je veux dire quand je dis que je l'ai senti ?

- C'est agréable comme idée, mais j'ai vraiment envie de dormir.
- Mais, tsé, dins fois ça l'est encore plus quand on le fait avec quelqu'un. Je vais être honnête, j'ai envie de dormir en cuillère, mais j'ai pas envie de te revoir après.
- C'est honnête.

Ma cousine est une strip-teaseuse.

mercredi 27 février 2013

One is the loneliest number

(Train leaving gray)

As-tu déjà vu le gars devant le rayon des légumes à l'épicerie?
Il regarde les légumes et il hésite.

Quand tu fais semblant de ne pas le regarder, tu vois que ses lèvres bougent.
Il se parle.

Tu ne sais pas ce qu'il se dit, mais tu es curieux un peu. Tu pourrais être pressé mais ce n'est pas le cas, alors ta curiosité l'emporte.

Tu fais semblant de rien et tu t'approches pour ramasser le brocoli que tu n'avais pas prévu acheter. Tu  tâtes les différents brocoli afin de savoir si le type se parle vraiment, ou s'il est vraiment dérangé. En fait, tu veux savoir si ça le dérange de se parler à lui même pendant que tu es là, et/ou s'il le fait vraiment, que se dit-il ?

Dans le fond, tu réalises que tu ne veux pas vraiment de brocoli, mais que le comportement te fais rire. Il te fais rire parce que tu sais, que dans le fond, ça t'arrive de faire la même chose. Dans le fond tu ris parce que tu te sens relié au comportement. Mais aussi parce que tu es curieux de savoir ce qui se passe dans la tête des autres gens.

D'un oeil distrait, tu regardes les brocolis, et à côté d'eux, les choux fleurs. 
et soudainement tu te surprends à fredonner la chanson qui joue à la radio du supermarché.
Puis tu commences à te poser toi-même des questions sur le fait que tu es un peu voyeur.

Finalement tu réalises que tu te parles tout seul devant des brocolis, et qu'il y a une fille qui fait semblant de regarder des brocolis devant toi. T'es gêné, mais tu attends qu'elle commence à fredonner une chanson avant de t'éclipser discrètement...

C'est la tag brocoli.