lundi 31 janvier 2011

Romantic type

(The pigeon detective)

Froide.
Froide.
Froide.
Tiède.
Tiède.
Chaude.
Ah !

Ayant laissé ma vaillance au sol, avec le reste de mes vêtements, je ne m'habituerais jamais au froid d'une salle de bain.

La douche. C'est une routine, mais c'est surtout un rituel. C'est le moment de la journée où on en profite pour faire peau neuve. Et parfois, il faut faire peau neuve plusieurs fois par jour.

C'est toute la saleté que l'on éradique, sous une douche. Toute cette crasse que l'on chasse d'un coup de savon. Que ça vienne de jus provenant d'un sac de poubelle, d'un mauvais commentaire provenant de la bouche d'un ami proche, ou d'une tâche laissé au coeur, tout disparait sous une douche. Tout est effacé sous le pommeau, excepté peut-être l'ivresse éthylique, mais c'est une toute autre histoire...

Bouche remplie, bouche vide. Bouche remplie, bouche vide. Bouche remplie, bouche vide.
L'eau est chaude. Un peu trop, mais j'en ai besoin. J'ai besoin de ce confort. Une pluie volcanique, la chaleur qui me brûle, qui me lave de tout soupçon, qui me purifie.

Et c'est sans doute le moment qui doit le plus nous rapprocher de notre naissance. Comme si l'eau chaude nous rappelait les neuf mois qu'on a passé dans le ventre de notre mère. Non, ça c'est le bain. Alors ça doit être le moment nous rappelant le plus notre naissance. Tout coule, tout tombe, tout est à découvrir, tout est à conquérir, tout est à notre porté. I'm alive.

On dit que l'homme moyen passe près de 190 jours de sa vie sous la douche, et pourtant, à chaque matin, j'ai l'impression de commencer une nouvelle vie, et d'avoir des choses à rattraper.

Une salle de bain, c'est comme le coeur d'une femme. De loin, c'est invitant, et une fois nu devant elle, on sent le froid nous envahir. Une peur incontrôlable. Puis, une fois qu'on est nu, dans le froid, alors la chaleur revient, et ça nous engourdis.

Même que parfois, ça nous étourdis, et nous endors. Et parfois, on ne revient pas du coeur d'une femme.

C'est ce que je me disais en sortant de ma douche...



Ce que j'aime du romantisme, c'est de pouvoir l'hair...parce que je l'aime.

dimanche 30 janvier 2011

Reading time with a pickle

(Regina Spektor)

Quand on se regarde, ça sent l'hamonica.
Ça sent le blues, ça sent le feu, ça sent la passion.
Et parfois, quand tu sembles plonger en moi, j'ai l'impression que ça sent le brûlé.

Tes ailes, mon coeur, et la peur d'une future brûlure, d'un bûcher intempestif, d'un bonheur tranquille.

J'dis ça, mais je ne le sais pas vraiment. Dans le fond, je me chante un country dans le dedans de ma tête. Je crie silencieusement un rêve abstrait, dans lequel tu figures.

Tes yeux me parlaient hier, et je ne sais pas ce qu'ils disaient, parce que j'étais trop occupé à ne pas les regarder. Je ne voulais pas voir, pas comprendre, et je ne voulais pas les subir. J'avais peur...

C'est pourtant d'un pas léger que je me suis levé ce matin. Léger et brumeux dimanche. Je me suis dis que je pourrais t'inviter à déjeuner, mais je me suis aussi dit qu'il faudrait mieux pas.
Peut-être que ça aurait été une bonne idée, mais j'ai finalement déjeuné dans la solitude d'un endroit bondé.

Je suis une patate qui regarde la fraise en se disant qu'il aimerait être aussi fraîche qu'elle. Je suis le melon qui se trouve trop rond. Je suis l'oeuf, et je ne veux pas crevé.

Je dors, dimanche, je dors.

mardi 11 janvier 2011

Requiem for dissent

(Bad Religion)

Quand elle a perdu ses eaux, ma mère s'est immédiatement dit que l'hiver allait la geler sur place. C'est que sous son manteau, sa robe et un chandail long, j'étais pressé de crier à l'hiver : Fait Frette !

J'm'en souviens pas, mais parait que c'était la journée la plus froide de la décennie. Pis ma mère qui ne savait pas quoi faire, elle m'a laissé naître dans un banc de neige, alors que les ambulanciers n'étaient absolument pas au courant de la situation. C'est une femme qui a trouvé ma mère criant sur le banc de neige, qui l'a vue m'expulser hors d'elle.

Mais tout ça, je l'ai su il y a 10 minutes. Celle qu'il y a encore 11 minutes, j’appelais maman, pleurait doucement au près de l'homme que j'ai appelé papa pendant 24 ans. Hughes est mort il y a 3 jours, le coeur à lâché. Moi qui, jusqu'à tout récemment, ne soupçonnait pas même qu'il puisse en avoir un.

Mon ancien grand frère pleurait à chaude larme, et je commençais à vouloir faire de même. Il venait tout juste de perdre son père, tandis que moi, je venais de perdre l'esprit de famille.

Mais revenons en arrière de 4, disons 5 minutes 37 secondes, afin de savoir comment j'ai perdu 2 fois mes parents.

Mon frère regardait maman dans l'anti-chambre du salon funéraire.

- J'ai pris rendez-vous chez le cardiologue, comme tu me l'as dis. Il paraît que je fais de la haute pression.

Les yeux pleins d'eaux, il nous expliquait qu'il avait soudainement peur de mourir lui aussi. Puis moi même, pris de panique, je me suis questionné.

- Maman, est-ce que tu crois que je devrais faire pareil ? [ Puis le doute me pris] Pourquoi tu ne m'as pas parlé de ça ? C'est clair que moi aussi je suis à risque !

Maman pleurait. Par chance, elle s'était que très peu maquillé.

- Oui, c'est vrai François, toi aussi tu devrais aller prendre un rendez-vous avec un médecin, sait-on jamais...
- Ben non, y'en a pas besoin... lui...

C'est vrai qu'à 24 ans, les chances que mon coeur me tue sont assez mince, mais, parfois, il n'y a pas de chance à prendre. Je regardais les urnes ornant l'antichambre. Puis encore une fois, le doute vint se loger dans mon esprit. Pourquoi tant d'emphase sur : lui.

- Ben là Pierre, moi aussi je suis peut-être susceptible d'avoir des problèmes cardiaque. Papa, mon'oncle Paul du côté de maman, Jean-Louis du côté de Papa.

Ses yeux étaient pleins de colère. Il me maudissait en ce moment même, mais j'avais aucune idée pourquoi. Ma mère l'a regardé, sévèrement, avant de me serrer dans ses bras.

- Ben oui François, va voir un médecin, tu vas être fixé.
- Caliss Solange, dis lui donc.

Ma mère m'a serré fort dans ses bras, très fort, trop fort. J'ai eu l'impression que mon coeur se comprimait dans ma cage thoracique.

- T'auras pas de problèmes de coeur Franck, t'a été adopté.

J'ai cru que mon coeur avait lâché, mais finalement ce n'était que mes genoux, et je suis tombé sur la chaise derrière moi.

5 minutes 42 plus tard.

Je me suis levé, et je me suis dirigé vers le cercueil.
Tout les gens que je croyais ma famille se tenait proche du cercueil et pleurait. Et moi aussi. Ils avaient tous perdus un être cher, sauf Linda, la soeur de mon père qui faisait semblait de pleurer, parce que tout le monde sait qu'ils n'ont jamais été capable de se sentir. Et elle doit être contente, ça devient elle l'ainée de la famille maintenant. Si mémére Claudia crève, elle sera sans doute elle qui ordonnera la succession.

Solange et Pierre sont venus me rejoindre près du cercueil, et on s'est rien dit pendant le reste de la soirée. Pas qu'on avait rien à dire, juste qu'on aurait pas su comment le faire, et que de toute façon, on en avait déjà trop dit.

À un moment, j'ai été voir Solange et je lui ai murmuré :
- Je vais au toilette.

J'ai pris mon manteau, et je suis sorti.
2 inconnus fumaient dehors. J'ai jamais fumé, pas même du pot. Sauf une fois au châlet, mais c'est une toute autre histoire. J'ai jamais rien fait de mal, parce que Hugues et Solange étaient de très bon parents. Mais j'ai toujours eu une vie très rangé. J'ai jamais roulé plus que 110 sur l'autoroute, j'ai jamais viré une brosse, j'ai jamais...jamais pris de risques.

J'étais dans la lune, je regardais les 2 hommes fumés, je regardais leurs cigarettes.
- T'en veux l'jeune ?
- euh...
- Ben là, ça va pas te tué !

Il m'a offert une cigarette, et il me l'a allumée.

J'ai jamais exagéré, j'ai jamais eu d'excès, j'ai jamais...vécu ?
Je toussais dans les marches du salon funéraire. Au loin, des néons clignotaient, indiquant que le bar était ouvert. J'ai ramassé mon manteau, et j'ai mis les pieds l'un devant l'autre jusqu'à celui ci.

Plus je marchais, plus j'avais envie de pisser. Quand j'ai franchi les portes du bar, je me suis rendu compte que j'étais peut-être pas à ma place, mais fallait absolument que j'aille pisser.
Les toilettes étaient au fond, près des machines à sous. Enjambant les tables vides et les vieux saoulons, j'ai finalement rejoint la toilette.

Pendant que je pissais, un homme comptait de l'argent à côté du bol.
- Tu veux quelque chose ?
- Euh ?
- coke, hasch, pot ?
- D'la coke.

Fouillant dans sa poche, il m'a tendu un sachet : C'est 20 $

J'ai pris le sachet et je l'ai regardé pendant un moment. Je me suis senti comme dans un film, j'ai pris un autre billet qui logeait dans mes poches, je l'ai roulé et j'ai "sniffé" l'intégralité de mon sachet.

J'ai jeté le sachet, me suis lavé les mains, et je suis sorti.
La barmaid avait l'air d'avoir connu Hochelaga, au temps de J.Cartier.

- J'ai la bud en spécial.
- Non. J'ai besoin de quelque chose de fort.
- Un bloody ?
- euh...
- Extra tabasco.

dimanche 9 janvier 2011

Daniel

(Elton John)

Cette année, mon'oncle Daniel nous recevait pour le réveillon. Depuis la mort de mes grands-parents, il y a 4 ans, il n'y avait plus eu de réunion familiale. Et moi j'étais parti pour Montréal, pour faire des grandes études, comme dirait ma mère.

C'est sans doute pourquoi Daniel s'est dit que c'était une bonne idée de recommencer. Surtout qu'il a pris possession de la vieille maison de mes grands parents. Je n'oublierais jamais les joies de mon enfance, alors que nous, mes cousin(e)s et moi, pataugions dans les manteaux de fausses fourrures de l'époque. Les années 80, les manteaux de fausses fourrures, les cheveux longs et les pantalons trop serrés.

Tante Lorraine, elle, elle avait un vrai manteau de vison, et elle ne le laissait pas dans la chambre de ma grand-mère avec les autres manteaux. Elle le laissait dans son auto.

Cette année, Daniel a voulu revivre, et faire revivre les douces années perdus des noël passés. Les même vieilles décorations étaient installés aux mêmes endroits qu'elles l'avaient été par le passé. J'arrivais à peine de Montréal et au lieu de passer chez mes parents, on s'est dit qu'on se retrouverait la-bas.

Quand je suis rentré chez Feue ma grand-mère, l'odeur... les souvenirs...des souvenirs en noirs et blancs. Daniel buvait un rhum and coke, alors que sa femme était aux fourneaux, avec 2-3 de mes tantes. Mes oncles fumaient à table, et j'entendais les enfants jouer au sous-sol, comme jadis mes cousins, cousines et moi le faisions.

Les yeux fermés, j'ai rêvé comme un enfant.

Puis avec les heures, la famille au complet est arrivé. Oncles et tantes, cousins et cousines, les chums, les blondes et mes parents. Ça m'a fait drôle de voir arrivé mes parents au même endroit que moi, sans que nous aillions voyagé ensemble. J'étais un grand garçon, presque un homme.

Je regardais mes oncles, et je devinais l'âge qui les rattrapait. Ces géants bâtisseurs n'étaient plus désormais, pour la majorité, que des ombres des forces de la natures qu'ils avaient, auparavant, été. Je regardais mes cousins, et je me disais que nous n'étions pas de la même trempe d'homme que nos ancêtres, assis autour de la table, à plaisanter sur de mauvais jeux de mots ou à propos de minorités visibles.

Ma cousine est arrivée en dernier. Elle a 19 ans, et elle est de sa génération. Les cheveux teints, habillé légèrement, les yeux éveillés à toutes possibilités. Elle avait invité une amie. Joëlle.

Une jolie blonde et plantureuse. Un de mes oncles m'a donné un coup sous la table, afin que je ne manque pas le spectacle, alors qu'elle tentait de se défaire de ses bottes. Le cul retroussé jusqu'aux manches, je devinais que mes oncles aussi, tout autour de la table, avaient des manches retroussés...

Elle se sont assis à côté de moi. Ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé à ma cousine, mais au bout de trois phrases j'ai compris quelque chose que bien des gens n'avaient pas compris à ce moment là.

Tout le monde s'est embrassé quand minuit à sonné. Tout le monde s'est donné des becs sur les joues, et j'ai fais tapissé mes joues avec le sourire. Puis j'ai vu ma cousine embrassée son amie. Et j'ai vu mon oncle, son père, Daniel la regarder.

Et tout le monde a entendu le verre qu'il tenait, se fracasser contre le sol. Mon oncle a crié, ma tante a pleuré, et ma cousine et sa blonde son partie.

Ça s'est bien passé.

jeudi 6 janvier 2011

Sing for the moment

(Eminem)

C'est malsain un mariage.
Si vous y saviez le nombre de braves qui y sont restés...

Le mariage est dans un mois, et j'ai toujours rien à me mettre. J'ai bien trouvé mon costume, mais je ne sais pas encore qui va m'accompagner.

Il ne faut pas se méprendre, je suis loin d'être de ceux qui croient que les femmes sont des trophées. [Je peux toutes dires leurs prénoms, en ordre chronologique]

Elles peuvent être des muses, des amourettes, des passions, des liaisons, mais en aucun cas, dans aucun cas, elles ne sont des trophées. Elles sont l'espoir. Elles sont un accomplissement, un devoir, une raison de vivre.

Mais mon problème est tout autre. Je ne veux pas arriver tout seul. Dans les films, on voit toujours tout les invités arrivés en couple, et quand vient le tour du type non-accompagné, on voit un loser. D'un autre côté, je préfère y aller seul que mal accompagné.

Je parlais de mon problème à un ami.

- Je te mets au défi de trouver quelqu'un pour t'accompagner !
- T'es con, on n'est pas dans un film !
- Alors quoi ? Au pire tu vas inviter une fille et tu ne la marieras pas, c'est si dramatique ? Au mieux tu vas baiser!
- C'est pas l'idéal.

Quand j'étais petit, je me voyais aller à des mariages, et je me voyais être avec mon amoureuse. Celle qui attraperait le bouquet de la mariée et avec qui je danserais. Avec les années, je me suis aussi dit qu'on pourrait faire un speed pendant la soirée.

Je nous voyais échanger des bouchés de nos plats, je gouterais son boeuf, et elle, mon poisson. Des quantités de vin s'échangerait de la bouteille à nos coupes, et on en savourerait le second nez dans la bouche, l'un de l'autre.

Je me voyais avec ma copine, qui dans un excès de lucidité, me dirait :
- Chéri, t'as assez bu.
- Tu conduis ?
- Non, on va appeler un Taxi.
- Ben non, on va appeler CAA...

Ben non, ON n'appellera personne, parce que Je vais conduire. Et toujours cette mélancolie qui tue lentement l'esprit, soufflant sur la dualité ne laissant qu'une seul et unique trace de pas dans le sable.

- Alors, tu vas y aller seul ?
- Comment voudrais tu que j'y aille autrement.