jeudi 10 mai 2012

New Vagina


 (Bloodhound gang)
(Ce texte, même si vous vous en foutez, je le dédie à mon chum, Feu Jezz)

Attendre l’autobus, c’est un peu comme jouer au bowling, ça me tente jamais vraiment.  L’autobus. Le bus. La bus. Le buss. Je prends jamais l’autobus de gaieté de cœur. C’est tout le temps parce que j’y suis obligé.

Aujourd’hui, mon père est mort.
Selon les faits, c’est arrivé hier soir, mais ma mère ne se souvenait plus de mon numéro de téléphone. Elle l’a retrouvé ce matin. Je ne crois pas qu’elle l’ait retrouvé, je crois surtout que c’est la voisine qui le lui a redonné.

Le vent est frais, c’est l’automne.

Prendre l’autobus, c’est aussi faire la queue pour y embarquer.  J’ai l’impression que je suis un juif durant la deuxième guerre, qui attends le train. Sauf que moi, je sais que je me dirige vers la mort.

Si ma mère ne conduisait pas, je me demande si mon père m’aurait laissé son auto. Comme ça, la prochaine fois que quelqu’un meurt, je pourrais m’y conduire par moi-même.

J’espère qu’il a tenu sa promesse, celle de ne pas m’obliger à voir des gens pendant 3 jours dans un lieu où les gens pleurent. La dernière fois que j’ai été dans un salon funéraire, je crois que j’étais saoul. J’ai quelque peu l’impression qu’il en sera encore ainsi.

Trois jours… c’est interminable. Il m’avait promis que ça serait un jour. En un jour, tout sera réglé. Le matin au salon, l’après-midi à l’église et le soir dans un bar. 

-          Ton père est mort.

Ça c’est ce que ma mère m’a dit. C’était l’essence du message, mais elle n’a pas réussi à le dire au complet dès la première fois. Quand j’ai pris le message, j’ai compris que c’était ça. Déjà qu’elle m’appelle, c’était mauvais signe. Si j’avais pas été entrain de baiser ma voisine, j’aurais répondu. Mais je ne l’ai pas fait. Je n’ai pas non plus prit mes messages immédiatement.

-          Paul…(pleurs) ton… (reniflements) père…(pleurs)…(plaintes et gémissements)… TON père est mooooort.

Fin du message.

Ça fesse dans le post coïtal.

Je suis quand même content d’avoir attendu avant de prendre le message. C’est vraiment le genre de choses qui fait débander. Je ne suis pas sur que ma voisine aurait appréciée.

J’ai tendu mon billet à la femme devant l’autobus, elle la poinçonné, puis elle ma souhaité bon voyage. Le comble aurait été que la compagnie d’autobus se nomme le Styx. Je vois les publicités d’ici : jusqu’à votre destination, et même au-delà ! Styx, on vous amène au bout du monde !

Bon voyage!

Dans les autobus voyageurs, le but c’est de rentrer dans les premiers, et de s’assoir le plus loin possible, afin d’éviter que des gens viennent s’assoir près de vous.

Quand je suis rentré chez moi, j’ai mis ce que j’avais de propre dans un sac, et j’ai aussi pris du linge pour mon voyage.
                                                                                  
J’pue. Assis au fond de mon siège, le dossier baissé afin de démontrer mon inhospitalité, je constate que je sens encore le sexe. Un mélange de sueur et de cyprine. J’pue l’cul.  Mon père aurait été fier de moi, mais ce sera pour une autre fois.

Et comme toujours, quand tu veux avoir la paix, il y a toujours quelqu’un pour venir te faire chier. La merde, cette fois ci, est une jeune fille. Je lui donne dans 18 ans, peut-être moins. J’ai ôté mon sac du siège à côté de moi et je l’ai déposé violement à mes pieds.

Depuis des années, j’ai compris que pour avoir la paix, il faut des écouteurs. Même pas besoin de Ipod, ou de lecteurs quelconque. Tout ce qu’il te faut, c’est des écouteurs. Premièrement, ça montre que tu n’es pas intéressé à parler, deuxièmement, ça permet de couper le son ambiant, à condition de s’avoir acheté de bons écouteurs. J’ai de très bons écouteurs.

Ensuite, je crois que je me suis assoupi. Quand je me suis réveillé, j’ai senti une présence sur mon épaule. La petite semblait s’être trouvée un confortable oreiller en mon épaule. J’ai tourné les yeux vers la fenêtre, mi-chemin.

La nuit s’est doucement installée sur le paysage. Je sens son souffle sur mon épaule.  Je pose mon regard sur son visage. Elle a les yeux fermés, mais elle ne dort pas. La main entre ses cuisses, son manteau sur ses genoux, elle ne dort pas.

Je sens son avant bras sur le mien. Elle se branle. Toujours la tête dans le creux de mon épaule, elle ouvre les yeux.

-          ça te dérange ?
-          Mon père est mort.
-          Le mien aussi.

Fair enough. Nos pères sont morts. On a un point en commun.

-          T’as baisé ce matin ?
-          2 fois, toi ?
-          tu sens la plotte. Ça me turn on.
-          Mon père est mort.
-          Tu parles beaucoup.

Sa main a prit la mienne, et elle l’a dirigée entre ses cuisses. Bien moite et sans aucune pilosité. Je n’ai pas résisté.

-          T’es majeure ?
-          Tais-toi, et continue.

Mon père est mort pendant que je baisais, et je doigte une fille alors que je me dirige vers ses funérailles. Si je n’étais pas encore sous le choc de sa mort, je me demande comment j’aurais réagis. Parfois il est peut-être mieux de ne pas réagir. Je me souviens d’un prof d’université. Il me disait que la l’inaction se cachait souvent les plus réactions.

Son souffle de plus en plus court donne une sensation de sueur dans mon coup.  Puis comme l’horizon défilait devant mes yeux, j’ai senti son corps se crispée, tendrement. Elle a saisit mon poignet, et l’a serrée si fort… ses ongles se sont enfoncés sous ma peau.

Puis tranquillement, elle s’est réinstallée sur mon épaule.

-          Ça te dérangerait de poser ta tête ailleurs ?
-          T’es toujours comme ça ?
-          Juste les vendredi 14 septembre 2011.
-          Tu veux que je te suce ?
-          Non.
-          Ça te détendrait…

Elle s’est recouchée sur moi, sans rien dire d’autre.

Je me suis rendormi.

Les lumières se sont allumées dans le bus, et je me suis réveillé un peu blasé. Elle n’était plus à côté de moi, mais j’avais dans la main un numéro de téléphone.  J’espère que ma mère ne le verra pas, c’est le genre de chose qui s’explique un peu mal. Quoi ? C’est quoi ce numéro ? Ben voyons maman, c’est le numéro de la fille qui m’a forcée a la doigtée dans l’autobus! Quoi !?  C’est une bonne fille, elle m’a laissée son numéro…

J’ai ramassé mon sac, et je suis sorti.
Il fait froid. On gèle. Y’a pas que l’hiver qui est cruel…

Outre la conductrice et moi, il n’y a personne au terminus.
Elle ferme l’autobus, et un autre chauffeur prend sa place. Pendant que je m’allume une clope, je l’entends dire bonne route à l’autre chauffeur.

Elle a ramassé son sac, et elle s’est dirigé vers le stationnement, me croisant sur sa route.

-          Vous avez l’air un peu perdu, jeune homme.
-          Vous habitez ici ?
-          Oui.
-          Euh, je sais que c’est un peu impoli, mais croyez vous que vous pouvez me déposer chez moi ? Mon père est mort.
-          Euh…ok. Veux tu en parler ?
-          Veux-tu prendre un verre ?

Et c’est comme ça qu’on est embarqué dan sa voiture.

-          La fille à tes côtés, c’était une de tes amies ?
-          Non, jamais vu avant.
-          C’est elle qui m’a dit que tu dormais dur.
Elle a rit, avant de poursuivre.
-          Il paraît qu’elle a essayé de te réveiller, mais sans succès.
-          Ouain, j’ai le sommeil assez profond.
-          T’habites où ?
-          Dans le coin des oiseaux. Mais j’habite plus ici depuis un boutte.
-          Ouais, j’avais compris. Ton père est mort.
-          Ouain.
-          Tu pues.
-          Je le sais.














                                                                                                                         

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