dimanche 15 janvier 2012

Tout seul

(Les Colocs)

J'étais au bar ce soir.

Trois filles, dans la mi-vingtaine tergiversaient sur le fait que l'une d'entre elle, n'arrivait pas à avoir son amant, se compromettre sentimentalement dans leur relation...

- Tsé, on couche ensemble, on déjeune, mais il finit toujours par s'en aller...
- Mais tu devrais lui en parler !

Non.
J'étais dans le jus. J'avais plus de 50 personnes devant moi qui ne demandaient rien d'autre que de pouvoir boire à satiété, mais ce cas là m'a interpellé.

- Non.

Les trois filles m'ont regardées, l'air complètement abasourdies...

- Est-ce que je peux te donner mon avis ?
- Ben t'es un gars, ça pourrait peut-être aider !
- Bon...

J'ai pris un grand respire, et une gorgé de scotch.

- Je ne sais pas, outre le fait que tu couches déjà avec lui, la relation que vous avez ensemble.

Je lève les yeux, et je vois l'attroupement qui se forme autour de mon bar. Professionnellement, je devrais arrêter de parler, ne pas me prendre pour un sauveur, ne pas penser que je suis un génie, et surtout, surtout, ne pas croire que je possède la science infuse. Mais pour une raison que j'ignore ( l'orgueil.... je suis la science infuse !) Je lui ai donné mon avis.

D'emblée, je lui ai dis que ce n'était que mon opinion.

- Les gars, on est comme ça...

J'ai échoué...

-... On ne pense pas au futur. Ça nous fait peur. Et peu importe ce qu'on dit, ce qui nous donne confiance, c'est la confiance de notre partenaire.

Ce que je veux lui dire, et que je n'ai manifestement pas le temps de faire, c'est que essentiellement, l'homme d'aujourd'hui est un froussard. (un quoi ???) Un froussard !

On ne veut pas s'engager, on ne veut pas se commettre, on ne veut pas avoir l'air faible mais en même temps, on n'aime pas vraiment prendre une décision par rapport à nos relations personnelles. La pression de devoir assumer un choix nous déchire...

Est-ce que je ne parle que de moi ? Non... J'ai en masse ressasser le sujet avec mes amis dans des soirées bien arrosées pour comprendre que c'est une réaction typique que nous avons. Des soirées où on pouvait parler de ce qui nous tiraillait, des soirées où on était honnêtement avec nos tripes. Même, pas aspergé par des liqueurs de vérité, on en a parlé suffisamment...

Est-ce que je sais de quoi je parle ? Un peu, quand même. l'honnêteté sur le bout de la langue, j'aime provoquer les réactions chez des gens que je connais, mais encore mieux, chez des gens que je ne connais pas. Je repense à des soirées avec mon frère, mon frère d'âme, durant lesquelles, entrecoupé de quelques verres sur la véranda, on apostrophait les passants avec une question qui les compromettaient dans leur sentiments... Et qui eux alors, n'avait d'autres choix que, de nous être vrais dans leurs réponses...

Est-ce que je crois que je détiens la vérité chez toute façon de penser de tous homme ? J'ose espérer que non. J'ose croire que parmi toutes les actions que l'on n'a pu causer, et pire encore, chez toutes les réactions que l'on a créé avec nos paroles et nos geste, et bien j'espère que tous, on a grandi quelque peu... Bien que trop souvent, les mêmes actes se répètent....et blessent encore...

Mais ce soir...
je ne sais pas...
J'avais espoir que selon ce que la jeune fille racontait...
J'avais espoir que je pouvais l'aider, un peu !

- Le gars que tu fréquentes, ce type qui ne te donne pas de nouvelles, sauf quand il veut baiser, parce que c'est ce que tu dis...

( C'est fou les discussions que l'on peut surprendre en tant que Barman, alors que nos oreilles écoutent les commandes des autres clients....)

-... et bien ce gars, tu devrais le confronter. Provoque le dans son orgueil.
- Dans son orgueil ?

Les 80 personnes qui entourent le bar commencent à me regarder d'un drôle d'oeil... Mais je suis un sauveur, je suis un ange, je suis l'Homme de la situation!

- Dans son orgueil. Oui ! Je ne pourrais pas te dire pourquoi, je ne pourrais pas te l'expliquer non plus, mais je sais une chose, et c'est une chose dont je suis sur... Provoque le dans son orgueil, et il viendra te manger dans la main...

Ses amies m'ont regardées... Flabergaster...

- L'Homme n'est pas con, mais pour se laisser être aimé... il a besoin de confiance, et de challenge.

Elles m'ont donné l'impression de me regarder comme si j'étais Platon, soit un peu vieux et désuet, mais aussi plein de sagesse et enclin à un moment propice à la réflexion...

La fille qui était dans une possible impasse, elle, elle m'a regardée d'un regard inspiré.

- Alors, tu crois que je devrais lui faire de l'attitude, et d'utiliser ce que je sais de lui, pour pouvoir le revoir de façon plus intime ?

Et les 100 personnes autour de mon bar, m'ont fait éviter de répondre à sa question, outre le clin d'oeil que je lui ai servi, entre deux shooters...

Au pire, j'ai sûrement tort, et je ne veux pas qu'elle soit blessée... mais au mieux... au mieux, je lui ai servi le coup de pouce dont elle ( et lui) avait besoin...

2 commentaires:

  1. Je ne sais rien de toi (je peux dire tu?) mais je bois tes mots comme on boit une bière avec un ami. Un discute, l'autre boit. L'autre, c'est moi. J'suis tombé amoureuse de ta façon d'écrire.

    M.

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