lundi 25 avril 2011

L'existoire

(Richard Desjardins)

Ah! Que sur terre...

Toutes les nuits, depuis 3 semaines, tu me fais voyager. J'ai parcouru la moitié de la planète à tenter de découvrir le quart de ta contrée. Et malgré tout tes sourires, tu es encore un mystère, même si j'ai appris comment dire : S'il vous plait et Merci, dans plus de 12 nouveaux langages.

On n'a pas quitté ton lit, mais je sais qu'on a plus voyagé en 48 hrs, que l'on ne voyagera jamais...


Quand je suis arrivé, on aurait dit que mon père m'attendait...vieux Tabarnack.

- Salut Gars.
- Salut Père.

On pourrait croire que c'est formel, mais ça ne l'est pas. J'dirais que c'est plus comme : Salut man, pis avec un : Salut L'gros, en retour. On est comme ça mon père et moi, des vieux criss.
Il aurait pu m'envoyé la main, comme dans les films, mais elles étaient occupés. L'une tenait une sa bière, et l'autre m'en tendait une. "L'gros..."

Le temps que je m'assois, il a éteint sa cigarette, ne se laissant que le temps de souffler avant de s'en en allumer une autre. Le voyant faire, je cherchais mon paquet dans mes poches, me souvenant que tristement, que j'avais arrêté... Son regard m'observait, comme je le reproduis aussi bien chez les gens qui m'entourent, devinant leurs pensées...

- Prends une des miennes...
Il me tendait son paquet. Son paquet, bien lisse...bien carré...comme si ses cigarettes indiennes provenaient de véritables paquet. IL est comme ça le vieil homme. Une espèce de manie à préserver les choses comme si... merde... Comme si sa vie en dépendait. Tout ses tiroirs de cochonneries qui sont ranger en ordre alphabétique, selon les couleurs et la forme. Un peu comme un autiste.

Mais non... Mon père est loin d'être un autiste. S'il avait eu la chance, s'il avait eu le support, je présume qu'il serait capable de déguster un bon vin et d'en apprécier le goût...comme mon grand-père savait si bien le faire. Mais non, au lieu de ça, l'orgueil d'être indépendant face à un père ingrat, lui a fait marier la première venue et l'enfanter à trois reprises. Ainsi il avait son propre foyer, et n'avait plus à rendre de compte, ni à prendre en considération les avis des gens qui l'entouraient.

J'ai longuement hésité devant l'offre de mon père. J'ai pris une gorgée de bière... ne lâchant jamais mon regard de ses cigarettes. Elle n'est pas là... J'ai tendu la main, puis sans hésiter, j'ai pris une cigarette dans ma bouche. Il m'a tendu le feu. J'ai voulu lui prendre son briquet, mais il a ramené sa main vers lui.

- Tu sais, il y a eu une guerre pour ça.
- Mais malheureusement, on a survécu.

Le ton était donné.
Il m'a tendu son briquet. La cigarette au bec, j'ai longuement observé la flamme qui brillait devant moi. J'ai longuement regardé la clou dans ma bouche...

- Criss, tu fais quoi l'gros. Le gaz est cher !
- Hein ?
-Ben là, as-tu arrêté de fumer ?
- Non

J'ai glissé la flamme sous la cigarette... Comme un réflexe... Un tardif désir....une longue baise...
J'ai expié mon désir dans une longue volute bleuté- grisonnante...grisante.

- As-tu finis ta bière ?

J'ai jeté un regard à ma bière, non.

- Non.
- Ben c'est à ton tour !

Me tendant sa bière vide,, mon père me regarde en souriant. Ce court rituel m'intimant à aller nous en chercher d'autres, n'est qu'encore qu'un autre réflexe de mon passage à l'adulte aux yeux de celui-ci.

-Salut Mom.
- Hein !? T'es là ? Ça fait combien de temps ? Couches-tu ici ?
- Je sais pas.

Et non, je n'ai pas faim, ni soif, ni chaud, ni froid. J'ai pas de lavage non plus. Au pire, je te volerais peut-être un ou 9 pots de sauce à spag, pis des betteraves. Je les aimes tes bettes, Mom.

- au pire, le frigo est plein... Tu prends une bière avec ton père ?
- Ouain.
- ok, ben dis le si t'as besoin de quelque chose.
- ok.

Je l'aime, elle aussi.

Kssst.

- pourquoi t'es là ?
- Je l'sais pas dad. Criss que je l'sais pas.
- Ça vas tu ?
- Non.
- C'est pour ça que t'es là.

Kssst. (12)

3 commentaires:

  1. Merci LeDZ de continuer d'écrire. Ça fait du bien de temps en temps, c'est comme lire un roman. Bon dimanche!

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  2. Ouais là me semble ce serait le temps d'écrire de quoi. Envoye donc.

    C.

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  3. Ce n'est pas que je ne veux pas... j'y arrive juste pas...

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