vendredi 1 avril 2011

Uprising

(Muse)

(Du : Cycle des muses, ou l'éveil d'un homme à La femme)
(Partie 1 de 2)

Je ne saurais dire qui est là personne qui à dit : Derrière chaque grand homme, se cache une femme. Cependant, je sais qui me l'a appris.

Elle s'appelait Katherine. Ça se prononce comme Catherine, mais ça s'écrit avec un K.

- Gabriel-Marie Legouvé.

J'avais 15 ans, et je vivais dans un monde hermétique. Quand je l'ai vu ouvrir la bouche, j'ai immédiatement compris qu'elle était d'un autre monde. Elle provenait d'un autre univers. Je savais que je ne provenais pas d'un milieu particulièrement éduqué et favorisé, mais je ne savais pas qu'on pouvait à cet âge, on pouvait avoir déjà autant de culture.

Alors déjà que je ne la reconnaissais pas, ce n'était pas normal. Si en plus elle m'impressionnait, elle n'était pas du coin.

- Tu viens d'où ?
- Montréal.
- Où as-tu appris tout ça ? Legouillé ?
- Legouvé. J'allais au Collège Régina Assumpta.

J'allais dire : Hein ? Mais je me trouvais déjà assez ignorant.

- Alors tu viens d'emménager ?
- Oui, mon père a trouver un emploi dans la région.

Quand elle a dit le mot région, j'ai senti le dédain. J'avais rien connu d'autre que la "région". Rien connu d'autre que ma ville. Ce fût la première fois de ma vie que je me senti appeler par l'étranger, ça n'allait cependant pas être la dernière...

- Tu veux aller prendre un café ?
- Ma mère vient me chercher après les classes.

Moi j'aurais dis : après l'école. Elle, elle disait après les classes.

- Peut-être demain d'abord.
- Demain je dois aller jouer de l'orgue dans des funérailles.
- Hein ?
- Ouais, c'est une longue histoire... peut-être jeudi.

L'éveil de ma puberté n'avait d'égal que l'éveil de ses seins, que je comptemplais sans discernement.

- Alors, jeudi... t'en penses quoi ?
- Euh. ouain... ben j'ai une pratique de hockey jusqu'à 5 heures.
- Donc, on peut se voir à 17 heures... tu connais un endroit ?
- Oui. je t'appelle demain soir ?
- Pas besoin, on a un cours ensemble jeudi matin... je te reconfirmerais le tout.

Elle parlait comme si tout était important, alors que moi je pensais encore à jouer et à me promener en vélo, comme si rien d'autre ne comptait. Elle parlait... elle était d'une assurance et d'un calme, j'étais charmé. Bon, à 15 ans on est charmé en tenant les cheveux d'une fille qui vomit, mais je croyais qu'avec elle, j'allais sauter cette étape.

Quand le jeudi vint, j'étais prêt. J'avais passé la nuit à lire tout ce que je pouvais lire comme encyclopédie chez moi. J'ai même manqué l'école le mercredi, afin de passer le plus de temps possible à la bibliothèque, à lire, voir et absorber le plus de savoir possible. Je voulais être son égal...

Elle portait un jolie collier de billes.
-C'est un jolie collier que tu portes !
- C'est des perles. Ma grand-mère me l'a donnée. Elle vivait en Australie.
- Cool.

Noir silence, les colocs et zébulon nous remplissaient les oreilles via la radio, et elle se perdait de discuter. Je dis discuter, parce qu'elle ne parlait pas. Elle ne parlait pas pour rien dire. Elle discutait. Selon le livre de philo que j'avais survolé, Gorgias était l'auteur de la rhétorique tel que l'on la connait aujourd'hui. Une rhétorique sophiste, soit, mais une rhétorique tout de même.

Et on a discuté... pendant 2 heures.
Son savoir était compris, le mien était illusoire. Elle avait été éduqué pour réfléchir alors que moi, en deux jours, je ne faisais que réfléchir ce que j'avais lu et retenu. Je ne me faisais pas d'idée sur ce que je savais. Aujourd'hui ça me fait rire, parce que je repense à : La culture c'est comme le beurre, moins on en a, plus on l'étend...

On s'est vu pendant 2 semaines. on dinait ensemble, on prenait des cafés, on marchait... Elle a été mon véritable premier amour, ou du moins, mon vrai premier flirt...

2 commentaires:

  1. J'aime ça la naïveté de la jeunesse :)

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  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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