Sans que je n’ai au moins un mot à dire, elle a dit oui.
5 minutes plus tôt.
Julie et Audrey discutent au salon, alors que je leur prépare des drinks. Plus elles vont boire, moins je vais avoir d’ennuis, dans tout les sens du terme. Je leur apporte leur verre et je tend l’oreille pour savoir de quoi elles parlent.
- Bon, comme tu sais, Paul et moi, on essaie de faire un bébé depuis 6 mois.
Heureusement pour moi, je ne suis pas Paul.
- Et ça ne marche pas ?
- Justement, on a été passer des tests, et…(petits reniflements post- crise de larmes) je suis stérile.
- Je suis désolée.
- Bah, ce n’est pas si grave, le médecin nous a donné pleins d’alternatives. Il y a bien entendu l’adoption, mais je veux avoir un bébé dans mon ventre. Ce à quoi le médecin m’a répondu qu’il était possible qu’une autre femme me donne ses ovules.
Pour une raison que je ne comprends pas, j’ai vu le piège 100 milles à la ronde, mais Audrey y est tombé comme une vulgaire gamine à qui on offre de friandises en échange d’une ballade en voiture avec l’ami inconnu de sa mère…
- Ben je pourrais te donner les miens...
NOOOOOOONNNNNNNNN!!!!!! #@%#&?%&
- Tu ferais ça pour moi, je ne voulais pas te le demander, mais tu es ma meilleure amie…
Et nous revoilà 5 minutes plus tard, Audrey pendu à mon cou et Julie serrant Audrey. Par hasard, Julie a emmenée tout les papiers expliquant la prise en charge de donation d’ovules. Que le hasard fait bien les choses…
J’ai terriblement envie d’appeler Paul pour lui demander s’il a envie de se faire greffer ma queue une fois parti. Ou mieux, on pourrait donner mon sperme et les ovules d’audrey, comme ça, si jamais Julie et Paul meurt, ce sera notre enfant qu’on élèvera…
Audrey est en ce moment même dans le bureau du médecin, pendant que moi je glande dans la salle d’attente. Je me sens comme la dernière fois qu’on a été au IKÉA, je n’ai aucune autre raison d’être ici que celle d’être avec elle.
Je m’explique mal l’envie de partager des femmes en général. Elles partagent de l’intangible. Je me l’explique de moins en moins mal, mais jusqu’à 28 ans, partager, c’était pour moi quelque chose de complètement tangible. Partager un repas, une bouteille, un compte d’Hydro.
Je relis les passages d’un livre que Audrey m’a prêtée.
Attendre un enfant, c'est marcher seule sur un fil au-dessus du chaos avec la certitude qu'il n'est plus permis de tomber...
Hafid Aggoune,
premières heures au Paradis
L’égocentrisme. Je me suis longtemps demandé pourquoi elle nous faisait ça. Le fait qu’elle suive un programme qui lui demande de prendre des médicaments la rendant ultra-fertile, question d’obtenir le plus d’échantillon d’ovules possible, va nous empêcher de baiser.
Bien entendu, afin de ne pas empirer les choses, je ne lui ai pas fait part que le dernier fait me rend terriblement de mauvaise humeur. C’est sur qu’elle ne voudra pas baiser, c’est sur que je vais en avoir envie. On l’a fait hier soir, ce matin, et à partir du moment qu’elle va se rentrer une aiguille dans le bras, ce sera terminé.
Je me demande si j’ai la patience d’attendre trois mois sans baiser. Je me dis que tout est possible. Peut-être qu’on va le faire avec une capote. Ou peut-être pas.
La porte du médecin s’est ouverte et il m’a fait signe de rentrer.
- Mr Paquette.
- Oui.
- Votre conjointe va avoir besoin de vous au cours des prochaines semaines.
Non, pour vrai !
- Mme Castonguay est Stérile, elle ne pourra plus jamais avoir d’enfant depuis son avortement récent.
Je suis sans mots, de quoi il parle, un avortement récent ?
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