vendredi 28 novembre 2008

Un beau moment

Il neige.

C'est pas nouveau, c'est récurent la neige, mais c'est la première fois qu'il neige pendant que je suis avec elle.

Je l'avais invité au Biodôme, parce que j'aime beaucoup aller là. Je ne peux pas l'expliquer, mais c'est un des endroits à Montréal où je me sens vraiment libéré de tout.

On a jasé de tout et de rien, et je l'ai regardé s'émerveiller de tout et de rien.
Nous étions seul dans l'immense dôme, à l'exception des commis qui, eux, se demandaient ce que nous faisions encore là.

On nous a chassé, délicatement. IL ne faisait pas froid malgré les quelques pieds de flocons entassés. J'avais un bon manteau et elle, elle portait son habit de neige. Je la regardais me parler, mais je ne pourrais pas dire de quoi elle parlait. Je la trouvais belle dans la neige. Son teint maghrébin, les contours de son regard et de ses lèvres, ses cheveux aussi frisés que noirs. Elle était magnifique, un ange.

Et comme je me disais tout ça, tout bas, dans le fond de ma tête, elle s'est jeté dans la neige. Elle à laissé mon impression sur le tapis tout blanc. Elle s'est lancé loin, et elle à balancé les bras et les jambes faisait virevolter les flocons autour d'elle.

Elle parlait de théâtre, de littérature, de culture. Elle me parlait avec son coeur, et je répondais avec le mien. Je souriais bêtement, attendri et ému. Sans mots. Elle s'est relevé et on a continué de marcher.

Je regardais devant moi, parce que j’avais peine à imaginer croiser son regard. Ses yeux dans lesquelles j’avais peur de poser mon regard, de peur de voir une envie strictement passagère. Tout était parfait, sauf moi. J’avais peur. Cette jeune femme qui se disait libre et vivante, était enfermée dans un monde sans passé ni futur.

Notre sujet de discussion est futile, et l’un comme l’autre, nous le savons entièrement. Notre désir de magie se complète bien. La mienne se vit dans l’idéal, elle dans l’acte.

Dans la neige, nous marchons dans le parc, l’un à côté de l’autre, avec un ange de distance entre nos deux épaules asymétrique.

Cet ange est-il le fruit de mon âme, est-ce le sien, peut-être aimerais-je croire que c’est le nôtre. Celui qui nous amène vers le présent, celui qui veut nous associer pour un meilleur futur, commun. Lui il le sait peut-être si nous sommes fait pour vivre ensemble, ou si nous ne sommes fait que pour ce moment là. J’aimerais sérieusement avoir la chance de lui demander.

Toujours l’un à côté de l’autre, à 3 pieds de distance, nos pas se suivent dans la neige.

Devant un banc couvert de neige, elle s'est arrêtée.

- On joue à un jeu.

Comme une gamine maladroite, elle enlève sa mitaine pour écrire dans la neige.
Sur le banc, je la vois tracer des lettres, et je comprends... mais il fait jouer !

J AI
J AI ENVIE
J AI ENVIE DE

- Mais de quoi as-tu envie ?

J'ai 8 ans, je sais parfaitement ce qu'elle veut dire, mais j'ai pas envie que ça s'arrête.

- T'es con !

J AI ENVIE DE T EMBRASSER

On se regarde droite dans les yeux. Les pieds dans la neige, les cheveux recouverts d’un tapis de neige, Les yeux sous le firmament de l’hiver naissant, j’ai l’impression qu’une étoile a exaucé mon vœu.

- Il parait que ce n’est pas bon de réfréner ses pulsions.

Sur ce, j’ai écouté les miennes. Je l’ai serré contre moi et j’ai déposé mes lèvres sur les siennes. A ce moment précis, l’hiver a disparu, suivi du parc dans lequel nous étions, puis de la ville et de la terre et de l’univers au complet. IL ne restait que mes lèvres et les siennes. Il ne restait que ses mains dans les miennes. Tout ce qui subsistait du monde réel était son corps et le mien. Nous étions tout, nous n’étions rien.

Le temps a passé, l’heure aussi.

La température est redevenue froide, mais mon cœur est resté chaud.

Et je l’ai laissé partir.
Elle ne reviendra pas, mais ce moment je le vivrais à chaque hiver.

4 commentaires:

  1. Encore une fois, wow! Il me semble que je connais cette histoire... j'y ai probablement déjà rêvé. Est-ce que c'est quétaine de s'imaginer des scènes comme celle-là, par les soirs enneigés d'hiver?

    RépondreSupprimer
  2. Pour celle là... je t'avouerais que c'est plus un fait vécu qu'autre chose...

    RépondreSupprimer
  3. J'en ai déjà vécu une du genre, mais pas avec une ausi belle fin. La chanceuse...on aime ces histoires tout droit sorti des films hollywoodien. Ça a quelque chose de magique

    RépondreSupprimer
  4. J'avoue que c'est un moment que je vais garder longtemps en mémoire !

    RépondreSupprimer