lundi 10 mai 2010

Demain, peut-être

(Daniel Bélanger)

Chaque matin, c'est la même chose.
Je me lève et je refais mon lit immédiatement. Une fois faite, j'éteins le cadran, qui n'a pas eu la chance de sonné.

Mes yeux, pour le peu qu'ils sont ouverts, ne sont pas prêts pour une autre journée.
J'ai mis mon bandeau, mes pantalons en coton, et mon hootie, et je suis parti faire mon jogging.

En bas de chez moi, y'avait une petite fille qui pleurait. Les gens passent autour d'elle, mais il n'y a pas personne pour lui demander ce qu'elle a... C'est probablement ma proverbiale "charité Chrétienne", ou juste mon gros bon sens, mais j'ai été vers elle.

- Qu'est-ce qui passe, jeune fille ?
- Je suis perdu, je ne trouve plus mon frère, il devait m'amener à l'école !
- C'est quoi ton école ?

Elle m'a regardé, et avec ses deux petites tresses, et son manteau en cuirette rose, elle à haussé les épaules ! Je ne connais qu'une école dans le quartier, mais je n'en connais pas le nom. Disons que j'ai pas d'enfants, et que si j'en avais, j'aimerais sans doute les avoir dans mon patelin d'enfance, pas à Montréal.

- Tu crois que c'est par là ?
- Je ne le sais pas...

Je l'ai prise par la main, et on a marché en direction, de l'école.

- Je suis nouvelle dans cette école.
- Ah, tu arrives d'où ?
- De Chibougamau. J'habite chez mon papa maintenant, ma maman est partie en voyage.

En 10 secondes, elle m'a donné le gout de la sermonner et de pleurer...
Faut pas parler aux étrangers, surtout pas à Montréal...Ah...Ta mère...un voyage...

- Y'a pas d'indiens ici ?
- Hmm, pas beaucoup.
- Ouain, moi je les trouve gentil les indiens. Mon nom c'est Sophie.
- Moi, c'est LeDZ.

C'est fou, comme les mentalités changent selon notre localisation.

- Pourquoi ton frère t'as laissé seule ?
- Ah, il m'a dit qu'il avait oublié quelques choses à la maison...

Le temps de notre discussion, on était devant son école.
Elle m'a sourit !
-Merci M. LeDZ! Je la reconnais, c'est celle là !

Elle est partie en me faisant des salut, avec sa petite main, et son sourire édenté. !

La surveillante, qui était derrière la porte, est venue me voir.

- C'est votre fille ?
- Euh, non, elle pleurait dans la rue, alors je l'ai raccompagné...
- Son père vient d'appeler, son frère a eu un grave accident...

Elle a fait une moue, voulant dire: Le destin, hein...

Sophie...
Ce matin, en faisant mon jogging, mes yeux suaient.
Définitivement, cette petite fille là, elle ne verra jamais les voyages d'un bon oeil...

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