mercredi 7 octobre 2009

Father and son

(CAt Stevens)


Ça fait trois ans que je n'ai pas vu mon frère. Il n'étais pourtant pas en voyage, ni très loin de chez moi, mais on ne s'est pas vue. En fait, depuis que nos parents sont morts, on ne se voit plus très souvent.

La réalité, c'est qu'on s'en fout.

Ça semble un peu triste, mais ça ne l'est pas, on s'en fout.

Faut dire que, plus jeune, on n'était pas particulièrement près l'un de l'autre.

- Pourquoi tu m'as attaché ?
- Parce que j'avais peur que tu ne veuilles pas me voir.

C'est le genre de malentendu qu'on avait lui et moi, un léger problème de communication. Faut dire que c'est familiale. C'est comme notre père qui ne savait que dire qu'il nous aimait en nous frappant. Quand j'ai eu ma première blonde, je savais que ce n'est pas comme ça qu'on aimait. Pas mon frère, lui, il n'avait pas compris que l'amour et une gifle, c'est différent. Après sa première relation sexuelle, il a passé trois ans en centre de détention jeunesse, pour cause de viol...

- Colin, détache moi, je ne me sauverai pas.
- J'te trust pas...

Et il a raison, j'avais promis d'aller le voir en centre, et je n'y ai jamais été. J'avais pas le temps, ou du moins, c'est ce que je disais à ma mère, qui bien entendu, le lui répétait.

- Come on Colin, c'est pas drôle.
- Ça c'est ton avis.

Comme il me l'a répété cette phrase. À toute les fois qu'on était en désaccord, il me disait ça : Ça, c'est ton avis. Comme si mon avis ne valait rien. Faut dire que je n'ai pas toujours été la personne ressource... À 8 ans, j'ai brisé un outil à mon père. J'ai dis à mon petit de dire que c'était lui. En fait, je lui ai échangé 3 schtroumpfs et mon canif suisse, afin qu'il dise que c'était lui le coupable. Le problème, c'est que 3 schtroumpfs et un canif suisse suisse ne valent pas une cicatrice ... Disons que mon père n'était pas au courant de la théorie que les plus petits ne savent pas ce qu'ils font...

- Criss Colin, détache moi !
- Pas tout de suite. J'ai des choses à te dire.
- Ben aweille, dis les tes "choses" pis enlève moi ces cordes d'autour les poignets.
- J'ai tué Papa.

Bon... Je ne suis pas tant surpris. Mon père est mort assis au volant de son auto. Bien qu'assez vieux, il n'était pas du genre à s'endormir au volant, surtout pas stationné, avec un tuyau d'échappement relié par un tuyau à sa fenêtre.

- Pis ?
- C'est tout ce que ça te fait ?
- Tu veux que je te dise quoi ? Que je suis triste, choqué, déçu ?
- Ben dis quelque chose !
- Merci, avec ça, je me suis acheté un nouveau char !
- Mais maintenant que tu le sais... Je ne peux pas te détacher...
- Ouain, mais tu vas pas aimer ça quand je vais vouloir aller au toilette...

Mon père disait souvent que j'étais loin d'être le plus futé des 2...

3 commentaires:

  1. Texte quelque peu troublant, sur une si belle chanson!! N'empêche, j'aime! Comme toujours!

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  2. Timidement, je souligne le plaisir que j'ai à te lire et t'invite dans mon nouvel univers, l'autre ayant été pillé sans scrupule :)

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