samedi 13 décembre 2008

Hier encore...

T'avais 15 ans, j'en avais 16.

Mes parents répétaient constamment que je vivais les plus belles années de ma vie, et je me disais que j'étais tout aussi bien de me tirer une balle maintenant.

Mais elle, elle me faisait sentir vivant pour deux, peut-être même trois. Je t'appelais et je t'écoutais me conté tes problèmes comme si c'était les choses les plus intéressantes au monde. Tu me parlais de tout, et je t'écoutais.

À l'occasion, on se faufilait dans un bistro, et on prenait un verre, jouant à être plus grand. Quand tu souriais, je perdais tout sens de la réalité, je perdais toute envie de mort.

J'étais le meilleur ami de toutes tes amies, parce que je les voyais plus souvent que toi, toi qui était trop occupée à être trop impliqué, ou trop amoureuse d'un autre voyou que je méprisais. Quand je ne le méprisais pas, je complotais contre lui, afin qu'il prenne la poudre d'escampettes, qu'il disparaisse de ton coeur, comme de ta tête, ne laissant que de la place que pour moi !

CE n'était pas de l'égocentrisme, j'étais amoureux de toi. Ce n'étais pas de la folie, non, c'était de l'amour... Aussi juvénile qu'il était, plus mature qu'il n'aurait du.

Et ce soir là, il neigeait comme ce soir. De gros flocons chauds, qui fondaient sur tes joues, les rendant toutes rouges. Et ton sourire de métal rouge et vert, pour le temps des fêtes, n'en était que plus féérique.

On marchait dans la neige, et je l'entends encore, j'entends encore sa voix, me dire à quel point elle est contente de m'avoir à ses côtés. Dans mon esprit de puceau, dans lequel naissait la testostérone, le désir d'aimer et d'être aimé atteignit un paroxysme.

L'attendant, sous un réverbère, pendant qu'elle attachait sa botte, je rêvassais à la possibilité de de faufiler mes lèvres contre les siennes. De mes songes éveillés j'ai été vite ramené à la réalité par flocons entassé en forme de sphère venu s'écraser contre ma tête, faisant voler mes lunettes dans la neige.

Elle qui riait après avoir lancé la boule, après l'impact, elle m'a regardé d'un air consterné. C'est un peu pour ça que j'en étais amoureux, ce regard qui avait huit ans, qui venait de faire un mauvais coup et qui se sentait coupable...

J'ai ris. Puis la mélodie qu'était son humour s'est à nouveau déployé de sa bouche jusqu'à mes oreilles. Elle s'est excusé, je me suis penché pour ramasser mes lunettes.

Discrètement, j'ai ramassé de la neige que je lui ai également lancé à la figure. S'en est suivi une bataille sans merci. Qui dura le temps, le temps que son moyen de défense soit de foncer vers moi et plaquer dans la neige.

Mon manteau sur le lie de neige, ses yeux dans les miens, le rire laissa place au silence. À deux immenses sourires. Les yeux dans les yeux, elle a tendu la bouche...

... J'ai parlé...

J'aurais dû l'embrasser, mais j'ai parlé...

On ne s'est pas embrassés. Je l'ai raccompagné jusque chez elle...et mon fantasme dure encore 11 ans après...

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