mercredi 14 avril 2010

Shake it

(Metro Station)

C'était l'été de mes 16 ans.

C'était simple, 5 filles, 4 gars et un camping.

Les filles étaient aux camping depuis le matin, tandis que les gars, on devait arriver seulement que le soir.

- Penses-tu que tu va fourrer ?
- Si, j'ai a fourrer, c'est Claire !

Quand t'as 16 ans, pis que tu dis fourrer, t'as obligatoirement un poil qui te pousse sur le torse... Fourrer, c'est viril. Fourrer, c'est homme. Fourrer est un mot qui me répugnait à l'époque.

J'avais pas compris.

- À qui tu voudrais faire l'amour ?
- C'est Claire !
- Ouain, mais qui ?
- Claire ! Wake up tabarnak !

Ils ont tous ris.

Les 3 gars que j'accompagnais, c'était des fourreurs. Les filles le savaient, mais c'est ce genre de gars là qui plait quand t'as 16 ans. Pas le boutonneux aux barniques! Encore moins le dodu poétique !

Moi j'aimais. Déjà à 16 ans, j'aimais. À 12 ans, j'écrivais mes premières strophes. La première fille dont j'ai été amoureux, elle avait 5 ans, et moi 6. J'ai toujours été attiré par les filles, depuis que je suis en âge d'avoir des dents.

Et cet été là, c'était Claire. Quand l'ami à dit qu'il voulait "fourrer" Claire, dans ma tête, il est devenu l'ennemi. C'était un salaud. Avoir eu la verve et le courage que j'ai aujourd'hui, je l'aurais ridiculisé, mais à l'époque, j'étais trop timide, et pas assez confiant.

Claire m'intimidait. En fait, j'ai toujours été intimidé pas les filles qui me plaisent, encore aujourd'hui. Elle était... J'ai trente ans et je ne suis toujours pas capable de dire ce qui me plaisait chez elle à l'époque. "J'avais un feeling..."

Les trois autres gars, c'était pas vraiment mes amis, mais je savais qu'ils allaient rejoindre les filles, et je me suis arranger pour qu'ils me fassent un "lift".

- Prends ton vélo.
- Ouain, mais j'ai une caisse de 24 à trainer...
- Tu peux sortir de la bière ?
- Ben oui !

Et c'est ainsi que le soir même, ils venaient me chercher...

- Papa, peux-tu m'acheter une caisse de bière ?
- Non.
- Maman, peux tu m'acheter une caisse de bière ?
- Non.
- Ma soeur, peux-tu m'acheter une caisse de bière ?
- Pourquoi ?
- Je suis amoureux.
- T'es con.

Et c'est ainsi que ma soeur est allé acheter 2 caisses de bières, qu'elle a caché dans la haie de cèdres. Ça m'a couté un mois de salaire de camelot, mais ça valait le coup.

Les gars sont arrivés, on a ouvert la valise et j'y ai mis la bière. avant d'embarquer dans l'auto.

- Moi je vais fourrer Julie.
- Tu fourres tout le temps Julie.
- Ouain, mais elle aime ça. Tsé, elle est facile Julie.

Tout ce que je me disais, c'est que Julie n'apprécierait pas qu'on parle d'elle ainsi. C'était irrespectueux, mais avec 15 de recul... Je ne dirais pas qu'elle est facile aujourd'hui, mais ça coute quand même 100$ pour la "fourrer"...

Et l'autre qui voulait baiser Claire... j'avais l'impression d'être un étranger, un imposteur. J'avais aucune autre prétention que d'être amoureux, et d'avoir une amoureuse. J'étais un puceau, et j'étais que trop mal à l'aise pour que ça change en une nuit... de là la bière.

Quand on est arrivé, les filles tentaient de faire un feu. Elle portait toutes un top de bikini, et une jupe longue. Quand Elles nous ont vu arrivés, elles ont toutes été se mettre une camisole, sauf Julie qui bomba le torse.

Éric, le fourreur de Julie Facile, a tenté de partir le feu avec une main tenant une bière et l'autre un cul. En vain.

- T'as pas été scout toi ?
- Euh, oui...
Il m'a tendu son briquet, après s'être allumé un joint.

Je plaçais les buches, de sortent qu'elle forme un Tipi, puis j'ai mis quelque feuilles et j'ai allumé le tout. Pendant que je froissais du journal, une main s'est déposé dans mon dos. C'était elle.

- T'en as allumée souvent ?

Aujourd'hui je répondrais : D'aussi belle que toi, jamais.
Mais à l'époque, je me suis contenté de faire un signe de tête, voulant ,bien entendu, dire oui !

Elle a glissée sa main le long de mon dos, et j'ai crispé. Je ne voulais pas qu'elle touche mon corps, et qu'elle croit que j'étais un gros mou, parce que oui, j'étais dodu.

Mon corps et sa main pouvait ressembler à un interrupteur et une lumière. Quand sa main a tout doucement quitté mon dos, je me suis relâché.

Dix secondes plus tard, on avait un feu, et j'avais ma première bière dans la main. Et la nuit est tombée. J'ai bu, plus que je n'avais jamais bu, et je voyais les couples se former. Salaud # 1 avec rouquine, Salaud # 2 avec Brunette aux gros seins, Salaud # 3 et moi, devant Claire, Julie et l'autre.

Assis autour du feu, on entendait la peau. Celle qui glisse, celle qui frappe, celle qui rebondit et celle qui jouit.

Après avoir autant bu, je me suis avoué vaincu devant Salaud #3 qui chuchotait à l'oreille de Claire.

J'ai quitté le groupe pour me diriger vers les toilettes du camping, profitant du ciel éclairci pour parler à la lune.

- J'aurais dû être un salaud, et ainsi être capable de parler à Claire. Je voudrais être un salaud. Tsé, me semble que, à 16 ans, on devrait tous être des salauds. Être insouciant. Ben non, pourquoi j'ai une morale, moi ? Alors que tout ceux qui m'entourent ne sont que frivole et explorateur ?

- Parce que sinon, tu ne me plairais pas...

Elle m'avait suivi, puis quand elle m'avait entendue parler à voix basse, elle a tendu l'oreille. Elle m'avait suivi, et elle m'avouait un secret...

- Tsé, j'en ai rencontré des salauds. Toi, t'es pas comme ça. Ce qui me fait peur, c'est que tu deviennes aigri et un salaud en vieillissant. Il ne faut pas, c'est grâce à des gars comme toi, que nous, les filles, ont croient encore que l'amour est possible...

- Ben pourquoi vous vous donner à des salauds ?
- Parce que... on a besoin de mal aimer pour savoir aimer, pour vrai...

Elle m'a tendu la main, puis elle m'a emmené vers la plage.

- Où est ce que tu m'enmm...

Elle m'a embrassé. Elle m'a fait un clin d'oeil et elle est partie à la course vers le lac, laissant ses vêtements derrière elle. J'ai figé. Quand je l'ai entendu rentrer dans l'eau, je me suis dévêtu et j'ai été la rejoindre... Ce soir là, après 6 bières, un discours à la lune et un secret révélé, j'ai perdu mon pucelage...

Et on s'est aimé pendant tout l'été. Puis on s'est aimé plus longtemps encore. On s'est tout promis.

Puis un jour, on ne s'est plus aimé, nos Cégeps respectifs étant trop loin l'un de l'autre. Puis un jour, on a cessé complètement de se parler; Parce que dans la vie, c'est comme ça.

***

Hier, J'étais sur facebook.
Hier j'ai appris que Claire était morte depuis 2 ans.
Hier, j'ai retrouvé mon pucelage.

2 commentaires:

  1. Joli. J'ai trop manqué de trucs quand j'avais 16 ans je crois...

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  2. Merci pour les larmes aux yeux, les odeurs, les boules de pétanques dans la gorge et les maladresses qui finissent en beautées ...

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