Depuis que je suis insomniaque, et désintoxiqué de l'alcool, j'ai beaucoup de temps libres entre deux contrats... Un peu trop.
Hier je traduisais un article expliquant les besoins des personnes âgées au quotidien. Ce matin je n'ai pu m'empêcher de d'appeler mon père et ma mère, juste pour jaser. Mon père et moi, on s'est tout dit en 2 minutes.
- Ça va ?
- Ouian, toi ?
- Ouain. Qu'est-ce que tu fais de tes temps libres dernièrement ?
- J'bricole, je vais voir mes chums, je profite. Toi ?
- Sensiblement la même chose.
- Vois tu une femme ?
- Si tu parles dans mon quotidien, pleins, dans la rue, dans le métro, dans les boutiques.
- T'es con fils
- Je suis le fils de mon père, père.
- Bon, ben...prends soin de toi !
- Toi aussi.
- Je te passe ta mère... JULIE !!!
Et autant qu'on s'est tout dit en 2 minutes... autant que ma mère à de la jasette.
- Savais tu que telle est rendue à faire de la...
- ah !
- Et que ton cousin, Paul...
- Ah ouain !
- ...
-...
-...
-
-...
- Bon ben...
- Savais que ta tante est désormais livreuse de plats pour un organisme communautaire ?
-... Hein ?
- Oui, elle va livrer des repas aux personnes âgées !
- Et elle, qui l'a fait manger ?
- T'es con, fils
- Je suis le fils de mon père, mère.
35 minutes plus tard je raccrochais, ayant entendu pleins de potins familiale, mais en n'ayant retenus aucun, excepté celui de ma tante. C'est un drôle de travail, livreur pour personnes âgées.
J'ai fouillé dans les services communautaires, et après une vingtaine de minute, j'ai trouvé un organisme qui faisait la même chose dans la métropole.
J'ai appelé et deux jours plus tard, j'avais une run de 25 personnes dans mon quartier.
Et j'ai compris après 4 personnes, en 1 heures, que je ne sauverais pas le monde. Que ce monde avait besoin de plus d'aide. Karine, la standardiste de l'ONG m'a appelée pour me dire que je ne pouvais pas passer autant de temps chez chaque personne. Mais elle m'a aussi dit que ça arrivais souvent aux nouveaux, et de finir chez madame Paquette, que quelqu'un avait repris ma run.
Depuis1 mois, à raison de 3 jours semaines, je m'évertue à aller porter de la nourriture à des gens qui sont incapable d'assumer le fait que personne ne vient plus les voir, et qui se laissent dépérir. C'est étrange comme comportement, mais c'est le même comportement qu'une rupture amoureuse... On ne mange plus, on ne prend plus soin de nous et on pue un peu.
Ce que je trouve particulier, c'est que je fais ça pour aider des gens, et combler du temps vide, mais tout ce qu'on me demande, c'est de cogner, donner la bouffe, et me sauver dans les seconder qui suivent la transmission de la nourriture. D'un certain côté, j'ai encore l'impression que c'est métaphoriquement une relation amoureuse.
On se rencontre, je te donne un cadeau, et je me pousse en trouvant pleins de prétextes.
La seule personne chez qui je n'ai pas besoin de fuir, c'est chez Madame Paquette. Elle, elle me prend le plat des mains, et elle referme la porte précipitamment. C'Est la seule qui ne m'invite pas à rentrée et qui ne me parle pas. Outre un simple : merci, discret et presque timide, elle ne m'a jamais rien dit d'autre.
Ce n'est pas comme M. Fortier, l'ancien ferblantier qui la première fois m'a fais sentir si minable avec un vrai poignée de main viril. Ou madame Chaput, qui m'embrasse sur les joues à chaque fois qu'elle le peut, et sur la bouche, quand je ne fais pas attention...
Un matin, quand je suis rentrée chez Mamzelle Chaput, c'est une jeune femme qui m'a ouvert la porte.
- Euh... Bonjour, Mlle Chaput est là ?
- Vous êtes qui vous
- Je suis venu porter un repas pour Mamzelle Chaput.
- Est morte.
- Ah...
- vous voulez rentrer ?
- C'est qu'on m'attend ailleurs.
- Vous voulez un café ?
C'est cliché pour un homme. Une femme qui offre d'entrer, c'est une femme qui à beaucoup plus à offrir. En fait, je crois qu'on a beaucoup de fantasmes sur à propos de choses impromptus et rapides. Surtout que la majorité des hommes sont rapides... à venir et repartir...
Elle me retardée d'une demie-heure. En me tendant un café, parmi pleins de trucs qu'elle cherchait à ranger dans des boîtes, elle s'est approchée de moi, elle m'a glissée sa langue dans ma bouche, comme le faisait sa mère. Je l'ai éloignée, puis en prétextant mes ''vieux'', en bafouillant des mots comme : attenntennddeeennntt ppopopopopoouuur manngegeger, je me suis sauver vers la sortie.
Jamais de ma vie je n'aurais osé croire un scénario aussi morbide. Je présume que c'est peut-être normal mais, thancks God, mes parents sont toujours vivant et je ne comprends pas l'envie de baiser mortuaire...
Il ne me restait que Madame Paquette, mais je n'avais pas envie de la faire attendre. C'est la seule qui me rend profondément heureux, elle ne me demande rien.
Elle a ouvert la porte, alors que j'avais quelques sueurs qui perlaient aux endroits prévus à cet effet. En ouvrant, elle m'a dévisagée, puis m'a examiné de haut en bas.
- Ce n'est pas bien de retenir ses pulsions, jeune homme.
- Heein ?
- Vous sentez le sexe.
- Euh... je dois y aller.
En lui tendant son plat, j'ai vu Mr. Fortier sortir en souriant.
- À bientôt Miss Paquette.
- À bientôt Mr Fortier.
Et en me toisant du regard, elle a ouvert la porte, me faisant signe de la suivre.
...
Puis hier, je me rendais au bureau parce que je n'avais pas le bon nombre de plats, il m'en manquait un pour Madame Paquette. En arrivant, les bureaux étaient vides, j'ai voulu aller à la cuisine voir s'il restait des plats, mais la porte était barré. J'ai été voir la gestionnaire à son bureau.
- Sylvie, il me manque un plat. Tu peux me donner les clefs de la cuisine ?
- Non, je ne t'ai pas averties, mais Madame Paquette est morte hier...
- Hein ?
- Ouais, c'est surprenant... Mais elle est morte un sourire au visage qu'on m'a dit...
Je l'aime cette nouvelle là. Elle est touchante. J'aime aussi les autres, que j'ai lu récement, quand j'ai découvert ton blogue!
RépondreSupprimerT'a une manière d'écrire qui fait qu'on veux toujours en lire plus...
RépondreSupprimerwow...Merci beaucoup... ça me touche vraiment !
RépondreSupprimerC'est vraiment chou ! Ça sent le p'tit vieux jusqu'à chez moi !
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