mardi 1 septembre 2009

The will to love

(Dreaming in Stereo)

Fond de chaloupe
-Part 1-


- De toute façon, on est tout seul quand on meurt.
- Tu les as, toi, les phrases pour consoler.
- Te consoler de quoi ?
- De moi, calvaire.

Ça faisait trois jours qu’il pleuvait. Il faisait froid. Le sentier de terre, normalement charmant, qui reliait le chalet de mes parents au lac, suintait d’une boue gluante, puante et baveuse. Une boue qui semblait rire de nous, perdus au fond de nos impers trop grands, inutiles contre une pluie trop drue. Nos vêtements détrempés, un peu figés par le froid, commençaient à perdre leurs couleurs sur notre peau. Dan et moi, irrémédiablement bornés, contre le ciel et la terre, nous entêtions quand même à garder notre position sur le lac.

- On devrait peut-être changer de place.
- Non, ça va venir.
- En trois jours on a quasiment rien pris. Pourtant, le poisson remonte quand il pleut. C’est peut-être le spot qui est mauvais.
- Remet ta ligne à l’eau. Ça va mordre. Faut persévérer. Tu vois, c’est ça la différence entre toi pis moi. Toi, t’es un chasseur ; moi, je suis un pêcheur.

J’avais pris la route jeudi soir, forçant Daniel à fuir pour quelques temps la source de son malheur, Aurélie, la plus parfaite des filles. La seule qui, jusqu’à ce jour, avait voulu nouer une relation avec Daniel.

- Tu vois Dan, moi, je vais lancer ma ligne un peu partout, je vais la laisser flotter un peu, voir si quelque chose peut mordre, pis dès que je sens une petite tension, je ramène. Je tire pas trop vite, le fil pourrait casser. Mais je tire. Je laisse un peu de lousse, pour faire croire que je me fatigue, pis quand ses défenses sont baissées, je ramène pour de bon.
- De quoi tu parles.
- Des filles. Toi, tu vas t’installer au bar, tu vas spotter ta bête pis tu vas essayer de tirer. Mais comme tu vises mal, tu fais bien du bruit pis tu y fais peur.
- C’est quoi ces paraboles de con là ?
- J’essaie de comprendre pourquoi ça marche pas pour toi.
- C’est ben simple. Je suis un imbécile, mou, lâcheur et dépressif. Je suis pas capable de me battre pour une fille. Je suis pas un chevalier qui se bat contre les autres pour gagner sa princesse, moi je veux être le prince charmant sur qui elle trippe depuis sa tendre enfance.
- T’es peut-être pas un chasseur finalement.
- Je suis quoi alors.
- Tu dois être végétarien.

La nature, la bière, le jack, la pluie un peu, mais surtout mon insatiable philosophie de fond de chaloupe avaient réussis à remettre un peu en perspective les malheurs de mon meilleur chum. Aurélie était entrée dans sa vie à coup de séquences les plus marquantes les unes que les autres. À chaque fois, comme un enfant qui voit la fée des étoiles mettre son soutien-gorge, Dan me revenait les yeux brillants, le cœur frénétique, heureux et plein d’espoir. Et quand je lui rappelais qu’Aurélie était déjà un peu engagée avec quelqu’un d’autre, il me ramenait toujours la même défaite, comme quoi elle était trop intelligente pour aller avec cet autre con. Mais bon Dieu, Dan, c’est pas une question d’intelligence, c’est une question d’hormones.

- Je suis trop un bon gars. Les filles ne veulent pas de moi.
- Ben oui elles te veulent, Dan. T’es beau, t’es brillant pis dans deux trois ans tu vas être riche.
- C’est quoi le problème alors ?
- Ça fait trois jours qu’on le cherche.
- Pour moi ça fait vingt-cinq ans.
- Tu vas l’avoir ta bonne Dan. C’est sûr. Qu’est-ce que tu veux que je te dises de plus. C’est pas…
- Guillaume, Guillaume, ça mort ! J’en ai un… !

1 commentaire:

  1. Man pas de commentaire??!?

    Ça doit être parce que c'est juste des filles qui en laisse d'habitude pis qu'elles ne voient pas toute la précision d'une vraie discussion de gars :)

    ça promet la suite!

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