( Rolling stones)
Chapitre 8-10 tiré du roman : À cause du répondeur
(Chapitre 1)
(Chapitre 2)
(Chapitre 3)
(Chapitre 4)
(Chapitre 5, 6 et 7)
L’hygiène, un besoin essentiel, ou l’art de se décorer.
Je passe sous la douche, histoire d’être trempé. Une douche chaude est vraiment un besoin essentiel, il devrait être ajouté à la pyramide de Maslow. Pour avoir à quelques reprises pris des douches à l’eau froide à travers le monde, dont un grand nombre dans Montréal Ouest avec trois colocs…, je ne pourrais jamais plus me passer de l’eau chaude. Ça fait partie de ma liste des meilleures inventions de l’homme. Je sors finalement de la douche, noie mon tapis de salle de bain et met du déo, celui qui sent bon, celui qui sent la brise de printemps.
C’est Julie qui à décoré ma chambre. Je parle des meubles, parce que pour ce qui en est des vêtements qui traîne partout dans celle-ci, ça c’est typiquement moi. J’aime bien les couleurs qu’elle a choisit. Il faut dire que je n’ai pas vraiment de goût quand il est temps de décorer les choses. J’ai tendances à choisir des choses pour leurs utilités et non pas pour leurs beautés, sauf pour ce qui en est des femmes. Et bien qu’elle ait choisit la moitié de tout ce qu’il y a de meubles chez moi, je n’ai pas pu me séparer de mon fauteuil de salon. En fait, je ne sais pas du tout d’où il vient. Ça fait plus de 10 ans que je l’emmène avec moi à chaque fois que je déménage. Ce fauteuil est tout comme un héros, il ne meurt jamais. Je pourrais également le comparer à de vieux sous-vêtement complètement dépassé (le genre de boxer pour homme qui pendent dans le vide comme tout ce qu’il est supposé protéger). Pas beau, pas propre, mais tout ce qu’il y a de plus confortable.
Il y a des moments dans la vie où on se décourage soi-même, ou que l’on se fait rire. Et s’il y a une chose qui me fait ressentir ces deux sentiments à la fois, c’est l’état de ma chambre. Mon linge propre n’est jamais rangé, mais bien empilé à côté de celui qui est sale. De sorte que la meilleure, et seule, façon de savoir si mon linge est propre, c’est de le porter à mon nez et de le sentir. Ça marche depuis des années alors je ne vois pas pourquoi changer une recette gagnante, même si parfois j’ai un peu honte. Mais jamais assez pour me motiver à utiliser vraiment mes tiroirs.
Après avoir fouillé un peu, je fini par mettre une chemise propre (après en avoir senti plusieurs pendant près de 15 minutes) un paire de jean, sale, et mon manteau de jean, bleu...
TAXI International
L’entré de mon bloc est habituellement protégé de la pluie, mais pas en ce moment, la pluie vient de côté, cette salope.
En bas de l’immeuble où j’habite, il y a toujours 4 taxis. Et habituellement c’est toujours les mêmes chauffeurs, c’est à dire : Rabir, youssef, Mateo et Claude. Selon mon cellulaire, je vais égaler un record aujourd’hui. 181 jours consécutifs à prendre un taxi. Ça vous explique un peu mieux pourquoi je suis si intime avec les chauffeurs de taxi en bas de chez moi !
À Noël dernier j’ai eu l’impression d’être St-Joseph. Mateo, Rhabir et Youssef m’ont donné respectivement, une montre ‘’apparemment’’ en or, un pot de bénédictine et un cendrier pour mettre ‘ les petits bâtons qui sentent bons’.
Claude quant à lui m’a souhaité un franc : Joyeux Noël. Les 3 premiers m’ont fait une course gratuite, Claude lui, m’a dit : Laisse faire le pourboire, c’est pour moué. Avant de rajouté un autre de ces fameux : Yoyeux Nowell ! Un être plein de sagesse ce bon Claude.
Aujourd’hui, Celui qui aura la chance de venir me porter à travers la ville sera… Rabir.
J’ai à peine le temps de fermer la portière que Rabir me tend la photo de son plus récent gamin. ‘’ Il a dit son premier mot’’ me confie t’il avant de rajouté ‘’ au salon, c’est ça ‘’. Suis-je si prévisible, tout semble dire que oui. De tout façon je ne vois pas à quel endroit irais-je d’autre un dimanche après-midi. Rabir me demande de jouer aux devinettes. Le but du jeu est de savoir quel est le fameux premier mot de son petit. Les classiques viennent : Papa, maman, Rabir, Seam (le nom de la mère), gâteau, chat. C’est à ce dernier que je finis par donner ma langue.
Hockey. Il a dit le mot hockey. Un vrai petit canadien selon Rabir. C’est vrai qu’il n’aura jamais de problème d’immigration, sauf peut-être aux États-Unis.
Dans ma tête c’est : Un vrai petit canadien d’origine Arabe avec des parents qui ont un accent Parisien, c’est spécial ! C’est ce que j’aime avec les chauffeurs de taxi, c’est qu’on échange quelques phrases, une opinion ou deux et c’est terminé. Moi en plus j’ai un suivi dans mes conversations, j’aime bien avoir les mêmes types en bas de chez moi, ces types là sont, comme dirait mon père, des criss de bons bonshommes.
-Nous voilà mon ami, me dit Rabir en parlant probablement avec son beau-frère, le téléphone collé sur l’oreille.
Le compteur indique 8 et cinquante, je donne 11, il me remet un 5, je suis confus, il sourit et me souhaite de passer une bonne journée. Je ne crois pas, malgré toutes ses et mes bonnes intentions, en passer une aussi bonne que lui, ça…c’est sur.
Le Salon sur Mont-royal
J’entre dans le bar et je dis salut à Marc. Marc, c’est le barman. Marc c’est le 7eme barman depuis que Julie et moi on vient ici. Et Bien qu’il soit le 7e, il est exactement pareil aux six autres. Célibataire, possédant, selon lui, des talents de comédiens irréfutables. Propriétaire d’un chien, qui, sur le plateau Mont-Royal sont très populaire, surtout auprès de la gente féminine. Leurs chiens sont, nous croyons, pour eux un espèce de cupidon, mais c’est faux. Marc n’aime pas le vert et les fruits de mers, tout en étant allergiques aux abeilles.
J’ai l’air de mauvaise foi comme ça, mais c’est vrai. Tous les barmans de la rue Mont-Royal se ressemblent beaucoup trop, et dieu seul sait à quel point il y a de bars sur Mont-Royal. L’ONF devrait faire un documentaire sur le sujet, Comme dans le genre de ceux de la faune et de la flore.
(L’hymne de la faune et la flore : Le barman du plateau mont-royal Canadien.
Marc a également beaucoup de mémoire. Tout comme je m’assois, il m’apporte un demi-litre de vin rouge, son meilleur, celui qui se détaille à 14 dollars au dépanneur, Pas celui de la SAQ, Nenon, celui du dépanneur… C’est tout de même réconfortant d’être reconnu dans un endroit, d’avoir une petite routine. Quoique ici, ce ne soit pas pareil, je suis sur que le barman à une photo de moi et Julie et de tout ce que nous prenons depuis 7 ans.
Ce que j’aime dans le fait de connaître quelqu’un, c’est de ne plus se faire chier avec leurs mauvaises habitudes, d’apprendre à gérer avec humour les défauts de nos amis. Comme Julie par exemple, elle arrive toujours en retard. En ce moment il est 14h30, elle devrait arriver dans les 7 prochaines minutes. Elle est toujours en retard, et toujours une demi-heure avec plus ou moins 5 minutes. Souvent elle note ses rendez-vous dans son agenda avec une demi-heure d’avance pour être sure d’être la à temps.
Je me verse un verre de vin tandis que Marc vient déposer un Martini sur la table. Il sait lui aussi que Julie va être en retard. Il a eu le temps de compter les 5 minutes réglementaires et de préparer le Verre de Julie tout en sachant qu’elle ne devrait vraiment plus tarder. C’est ça un bon barman, et c’est ça être un client habitué. Et comme de fait, voilà Julie. Elle pousse la porte, fait un petit bonjour à Marc et se dirige vers moi. Elle s’assoit et me fait son petit sourire de fille qui va me poser une question.
Ce fameux petit sourire, toutes les filles que je connais ont un petit sourire semblable. Celui qui veut dire, j’ai quelque chose à t’annoncer ou à te dire, et j’attends que tu me le demande ! La différence, entre annoncer ou dire, se situe dans les yeux et l’angle de la tête. Je ne suis pas sorcier, il y a tout simplement énormément de livres sur le langage gestuel et je les ai lus pendant mes stages à l’université. Comme à ce moment, avec les yeux, je sais qu’elle à effectivement quelque chose à m’annoncer.
Je me lance
- Qu’est-ce qu’il y a, Julie ?
- J’ai de quoi à t’annoncer, me dit elle, les yeux pétillants
Et Voilà, j’aimerais me lever, voir les flashes de photos, serrées quelques mains, sourire à des inconnus ; Laissez venir à moi les petits enfants, enfin. Le journal titre : Il ne se trompe jamais. C’est un Devin.
- Je répète Julie, qu’est-ce qu’il y a ?
- Devine ?, me dit-elle avec son air gamine.
C’est exactement pour ce genre de choses que j’ai pris des cours de yoga; relaxer quand on me dit des conneries de ce genre. La surprise chez la femme, et j’ai compris cette chose il y a encore que très peu de temps, est comme un prolongement de sa propre curiosité, elles veulent toutes avoir et faire des surprises. La surprise elle-même est plus importante que ce qu’elle annonce. Comme l’emballage d’un cadeau pour un enfant de 4 ans. CE qu’il veut c’est déballer des trucs, le cadeau en question c’est un prétexte.
- Bon, dans l’ordre habituel. T’es enceinte, tu te maries, tu retournes à l’école, tu t’es acheté une paire de souliers, le cancer, une MTS, non…attends…tu as une promotion? Attends, attends, Je l’ai, je l’ai tu as rencontré quelqu’un !
- T’es blasé.
Et sans perdre son sourire, elle tourne les yeux vers le ciel
- Bon …quoi répondre, je ne suis pas Blasé. Je viens tout simplement de faire l’énumération qui résume la somme des inquiétudes et de tes joies des dernières années. Je reprends mon souffle et je continue.
- Mon emploi journalier est d’empêcher les gens d’être trop blasé, ça m’influence un peu, lui répondis-je avec un ton qui se voulait farceur.
- Humm, dit Julie, accordé… maintenant devine !
- Tu veux que je recommence dans l’ordre, à l’envers ou en ordre alphabétique ?
Je suis blasé.
- Laisse faire, laisse t’elle échapper dans un long soupir, je vais te le dire.
- Non, non, je vais deviner…euh…tu as rencontré quelqu’un.
- Tu vois, ce n’était pas si difficile que ça !
- Il est beau, grand, brun et pédiatre.
- Comment tu sais qu’il est beau grand et brun ?
- Quoi ? Il n’est pas pédiatre ?
- Euh…oui…il est pédiatre.
- Bien, je vais t’expliquer mon art de la divination. 1er : tu ne sortirais pas avec un nain hideux. 2e les statistique disent que la majorité des hommes ont les cheveux foncé, voir brun. Et 3e tu reviens d’un colloque sur les développements de l’enfance et tu as un faible pour les médecins…
- Va chier Sherlock
Juste à la façon dont elle à de déverser l’intégralité du contenu de son martini dans sa gorge, je constate qu’elle est visiblement contrariée.
- Je préfère San-Antonio. On a beaucoup plus en commun.
Elle ne possède pas l’exclusivité de la connaissance de l’autre dans la formidable histoire de notre amitié. Moi aussi j’ai réussi à en apprendre sur son cas depuis douze ans ! On est comme un vieux couple, on réussi rarement à se surprendre. La dernière fois qu’elle m’a surprise, j’étais dans son lit avec une de ses copines, et ça fait déjà plus de 4 ans. Les folles années de l’université !
- Tu vas l’adorer, me dit-elle.
- Hey, c’est ton petit copain pas le mien. Je ne suis pas obligé de l’aimer.
Le fait est que si je ne l’aime pas, elle va s’en rendre compte tout de suite, mais pas aussi vite que celui-ci. Ce n’est arrivé que quelquefois que j’ai trouvé un de ses Chums agréable et digne d’elle. En fait je suis partiellement convaincu qu’il n’y a pas d’homme sur terre qui soit digne d’elle, pas même moi !
- Il est génial avec les enfants, rajouta t’elle.
- J’espère, il est pédiatre. Je vois mal un pédiatre faire mal aux enfants volontairement !
Un ange passe dans la pièce
- Tu as eu des nouvelles de Sonia ?
- Elle m’a laissé deux messages.
- Et tu étais là ?
Le fait est que oui, oui j’étais là et que non, non je n’ai pas répondu. Depuis l’avènement de l’afficheur et du répondeur, je ne me sens pas particulièrement obligé de répondre à chaque coup de téléphone que je reçois. Je pourrais manquer un appel qui pourrait changer ma vie!!! Je préfère les manquer ceux qui pourraient changer ma vie, elle est parfaite comme elle est maintenant ! D’ailleurs on oublie souvent le fait que ça ne nous tente pas toujours de parler au téléphone. Il y a aussi que je ne me sens pas obligé de répondre si je n’en ai pas envie et ça, Julie le sait parfaitement et ça la choque.
- Alors, entreprit elle, tu étais là ou pas ?
- Oui, dis je a voix basse.
Ce ton de voix qui me fait sentir épais, qui m’abaissent, qui me fait culpabilisé. J’ai l’impression d’être un enfant de 5 ans qui s’est fait prendre la main dans la jarre à biscuit.
- ET t’as pas répondu!?!...
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