dimanche 31 mai 2009

Heartbeats

( The Knife)

Chapitre 5-6-7, tiré du roman : À cause du répondeur

(Chapitre 1)
(Chapitre 2)
(Chapitre 3)
(Chapitre 4)

Les Joies du dimanche Matin

Le dimanche, quand j’étais aux études, c’était une journée que je consacrais à : me remettre de la veille (ce qui n’a pas vraiment changé depuis) et ensuite faire les travaux que je n’ai pas fais pendant la semaine. Bien qu’aujourd’hui je n’aie plus de travaux à remettre, j’ai toujours un peu de boulot à rattraper. Quoique mon boulot n’est pas trop compliqué.

Qu’est-ce que je fais ? Rien. Enfin, presque rien. Je suis ce que l’on appel dans mon jargon, un clown. Non pas celui qui jongle ou encore ceux de Muriel Millard, mais plus comme un cabotin. Je suis un clown d’entreprise. Moi je vois ça comme si j’étais un genre de maman gâteau. Je vais au bureau tout les jours avec un costume que certains diraient, flamboyant. Du moins pour un homme qui travaille dans le domaine financier au centre-ville, c’est flamboyant (en jeans et T-shirt).

Lors des ma dernière année à l’université, ils étaient commun que je sois, avec les gens de ma cohorte, c'est à dire trop habillé. Pendant un bon moment, j’ai cru que c’était inévitable, qu’il faudrait peut-être que je suive des cours d’étiquette.

Le problème c’est qu’en général, je suis un anti-conformiste. Je n’écoute pas ce que les gens écoutent, je ne regarde pas ce que les gens regardent, et je ne lis pas ce que les gens lisent. J’aime découvrir des choses exclusives, et ça me fait chier que quelque chose que j’aime devienne populaire, dans ces cas là, je suis obligé de les détester. C’est dans cet optique que j’ai découvert que l’anti-conformiste pouvait se jouer dans la vie professionnelle. J’ai fais un pitch d’entrevue dans le cadre de l’examen final d’un de mes cours au bac, avec un costume vert-lime, une cravate jaune et une chemise bleu. Et le pire c’est que le prof est venu me féliciter pour notre (Mon) exposé oral, et j’ai surtout adoré lorsqu’il a ajouté : La prochaine fois que tu vas magasiner, amène quelqu’un qui n’a pas un problème d’ordre visuel. Il pensait que j'étais daltonien... j'ai pas vérifié...

Oui, mais qu’est-ce que je fais au travail ?

Quand J’arrive au bureau, je m’assoie et j’attends. J’attends souvent et longtemps. Puis peu avant la pause du matin, certains employés viennent me voir pour me parler ou juste pour m’entendre, ça dépend des employés. Mon boulot est de leur changer les idées ou encore de leur montrer que la journée n’est pas aussi pénible qu’elle peut en avoir l’air.

Et je fais ça tout les jours, 4 jours semaine. Le but de mon boulot est d’éviter les dépressions, enrayer et soigner les workoliques sans omettre d’évaluer quels employés peuvent être victime de burn-outs.

Quand les gens ont l’air écœurés, à bout de nerfs ou paresseux, au lieu de les sermonner dans des sempiternelles remontrances sur la performance, moi, je les fais venir dans mon bureau et je discute avec eux. Les faire rires, pleurer et encore rires, est mon boulot. Par la même occasion je les détends et les motivent. Certaines viennent de leurs propres chefs dans mon bureau, les autres il faut que j’aille les chercher directement.

Je me considère comme une maman. Une maman parce que contrairement aux cadres qui avec leurs airs sévères, donnant plus dans le genre paternaliste, demandant sans cesse du rendement et de la performance. Moi je vais voir les papas et j’amène avec moi les employés qui ont besoin d’un break. Je n’ai qu’un seul patron et c’est celui qui m’a engagé, tous les autres je peux leur dire qu’un de leurs employés s’en vient avec moi dans mon bureau et que ça charge de travaille sera quelque peu retardée. Dans ces cas là, le cadre me sourit en me disant : OK. Mais le tout, à la manière de Luc Plamondon, avec les dents serrés. À L’occasion ils pètent eux-mêmes une crise et je vais les chercher à leur tour, plus tard dans la journée.

Bon, mes fonctions premières sont ce que l’ont pourrait appeler : Consultant en ressource humaine. Mais croyez moi, mon certificat en psycho m’aide énormément dans mon boulot. Je serais comme un psycho éducateur dans une école, sauf qu’au lieu de travailler avec des marmots, je travaille avec leurs parents, et croyez moi….les petits sont plus disciplinés !

Bon, il est faux de dire que je ne fais rien, j’ai des rapports à remplir malgré tout sur toutes mes rencontres et je fais des suivis. Mais sinon, je ne fais rien. Ma journée se résume à prendre des cafés avec des inconnus et à rigoler avec eux. Je ne fais pas un travail, c’est une récréation, une vocation. En soit, on me paie pour être moi-même et discuter, c’est bien, non ? Quand j’étais petit je voulais être clown de cirque, et honnêtement, je ne suis pas très loin de mon rêve d’enfance.

Le problème avec ce genre de boulot, c’est de tenter de l’expliquer à quelqu’un. La plupart du temps je finis par dire que je suis psycho éducateur, parce que si j’essaie de leur expliquer que je suis un consultant en Ressource humaine qui fait le clown dans une compagnie côté à la bourse, ils n'y comprennent strictement rien. De plus, ce n’est pas comme un dentiste ou un pédiatre, quand on dit psy-éduc ou consultant en R.H. à une fille, elle ne sait toujours pas ce que tu fais de tes journées, et honnêtement, c’est peut-être mieux comme ça. Même pour moi c’est compliqué de savoir ce que je fais vraiment dans la vie ! Ma mère me demande toujours de faire des animaux à Noël après que j’ai essayé, maintes et maintes fois, de lui expliquer que clown, c’est une métaphore...

Le mythe de Sisyphe, ou le quotidien d’un célibataire.

Comme je finis de lire le journal pour la troisième fois, l’après-midi est commencé pour de bon et il pleut toujours sur les pavés bruns tourista… touristique de Montréal. Rien à faire, un dimanche après-midi de pluie c’est vraiment emmerdant. L’automne dure désormais plus long que les autres saisons.

Choses à faire par une journée de pluie.

• Lavage
• Ménage, (la vaisselle et même la salle de bain)
• Épicerie
• Appeler ma mère

Baiser pourrait être une solution agréable et un bon moyen de remplir ma journée, mais cela ne se fait pas tout seul… enfin…je pourrais regarder dans mon agenda.

Pendant longtemps j’ai cru que posséder un agenda signifiait devenir une grande personne avec des responsabilités au travail, au repos et dans les loisirs. J’en ai acheté un, une fois. J’y ai inscrit mes renseignements personnels et c’est plus fort que moi, quand vient la question sexe, je ne peux m’empêcher de répondre : oui, ou encore, quand j’ai le temps. Bon, j’ai eu quelques problèmes avec le gouvernement et les impôts mais je suis sur que la première réaction du fonctionnaire à belle et bien été de rire à gorge déployé. Rire à en montrer ses amygdales à ses voisins de bureau, c'est charmant, non ?

Pour en revenir à l’agenda, La première semaine est remplie de tout ce que j’ai fais, le reste est complètement vierge de toute écriture. Finalement j’ai conclu qu’un agenda, c’est comme un journal intime, mais pour les grandes personnes. Et selon moi, un journal intime, c’est une affaire de petites filles. Quoi ?!? Moi, Machiste… j’y travaille.

J’étais en train de dessiner une moustache à un politicien qui faisait la une quand le bruit de la pluie m’a fait réaliser que je sentais le chien mouillé. Je jette un regard sur la table et je me demande encore une fois qui peut bien être cette Audrey ? Comme je me prépare à rentrer dans la douche, mon gros orteil étant déjà trempé, le téléphone retentit dans tout mon appartement.

• Allo
• Salut Gauvain, c’est Julie !

Non, n’allez pas penser que mes parents étaient des gens cool au point de me doter d’un nom vraiment branché, original et très différent. Ils m’ont appelé Vincent. Avec un nom comme ça, ça explique peut-être que j’écrive ‘oui’ ou ‘ quand j’ai le temps’... Avec ce nom j’ai été affublé de plusieurs surnoms aussi ridicule les uns que les autres mais finalement, celui qui est resté, c’est GAUVAIN. Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi, c’est les deux diminutifs de mon nom, à l’envers. Vincent Gauthier, Vin Gau GAUVAIN…vous me suivez ? IL y a trois types de gens dans la vie ; ceux qui se font donné un surnom, ceux qui se font appeler par leur nom de famille et les autres.

Tant qu’à Julie, elle, c’est ma meilleure amie. Quoique très séduisante, je préférais avoir une relation passionnée avec une octogénaire avant d’en avoir une avec elle. (Et pour l’octogénaire, je vais attendre que Madonna y soit)

- Salut Julie, ça va ?
- Ben oui !

Question de politesse ! Je crois que personnellement, j‘ai entendu seulement trois personnes répondre non à cette, devenue, formule de politesse. Parmi les trois, je crois qu’il y avait Kurt Cobain...

- Que me vaut l’honneur de ton appel
- Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ?
- Bah, j’ai vraiment plein de choses à faire.

Ce n’est pas vrai, mais elle, elle ne le sait pas. Le fait est que je n’ai aucune envie de sortir de chez moi, il pleut.

- Menteur, je suis prête à parier que tu es assis, nu, sur ton sofa avec le combiné sur ton épaule, un café dans la main et ta queue dans l’autre !

C’est ça, 12 ans d’amitié. Quoiqu’il m’arrive l’occasion de la soupçonner d’avoir mis une caméra dans mon appartement. Finalement, elle me dit d’aller me laver et d’aller la rejoindre au salon dans vers deux heures.

Après 12 ans d’amitié, on est comme devenu un vieux couple. On a nos habitudes et on connait celle de l’autre. En 12 ans, on a établi notre quartier général dans plus d’un endroit, mais depuis 7 ans, c’est toujours le même. Notre salon c’est un petit café-bar pas trop connu où on a passé notre joyeuse vingtaine. On est allé dans cet endroit à toutes les heures du jour, comme de la nuit. Au petit matin : café clope, sur l’heure du dîner : café clope et finalement le soir : bière³-clope¹².

Avant que le gouvernement ne devienne complètement castratif, c’était la nourriture de tous les jeunes étudiants : le café, la bière et les clopes. Aujourd’hui, le troisième a été remplacé par le bio, ou un truc dans le même genre...

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